dimanche 30 septembre 2012

Le dernier jour du reste de la vie

Le dernier jour dans les villes, comme toujours, je regardais vivre les gens.

Et vous ?
Et vous ? Que feriez-vous ?
 Imaginez ! 
Votre train, votre avion part demain, 
que feriez-vous ?

Finalement,
j'ai vécu ces journées avec autant d'inconséquence que si elles avaient été les dernières
de ma vie.

samedi 29 septembre 2012

87th

ICI, un album à commencer à feuilleter, le début des souvenirs d'une autre ville, d'une autre rue.

vendredi 28 septembre 2012

Le cabinet des rêves 90

Nous recevons un mail de la direction qui nous enjoint, afin qu'on se connaisse mieux entre collègues, de davantage nous parler. 
Suit un mail de A. que je lis plusieurs fois et que je connais, ensuite, par coeur.
Elle y explique que son compagnon a du mal à vivre son nouveau statut professionnel. 
En effet, d'après lui, seuls les architectes ont vraiment le sens des responsabilités : eux seuls peuvent être responsables d'une maison. 
Or, justement, le prêt contracté pour payer le logement d'A. parvient à son terme et, finalement, son ami s'aperçoit qu'il est donc possible d'avoir une maison sans être architecte. 
A. conclut son mail en disant que ce qui la fait douter, quant à elle, c'est la possibilité d'une relation pérenne et que, à lui seul, ce doute compromet la suite. 

Rêve du 14 septembre 2012

jeudi 27 septembre 2012

réha(bili)ter sa vie

 Tu redécouvres ta vie 
comme le vêtement d'une autre saison, 
que tu avais un peu oublié
 et que tu enfiles avec curiosité 
dans le souci de savoir
 quelles modifications il faut y apporter 
pour qu'il soit à nouveau à ton goût 
et
 à tes mesures.

mercredi 26 septembre 2012

MIND 
MAP

 rue de la source
chaussée de Charleroi
rue américaine
rue du page
chaussée de Waterloo

J'ai marché
mais en réalité
j'étais ailleurs.

mardi 25 septembre 2012

Tuesday self portrait (EAST)

Pas une fois
le soleil ne s'est levé sans moi,
sur l'East River.

lundi 24 septembre 2012

Chute parachute* (un dimanche historique)

Se souvient-on de tous les endroits qu'on a habités ? Il me semble, personnellement, que j'en ai habités plusieurs : plusieurs appartements, plusieurs maisons, plusieurs routes et rues, plusieurs régions, villages, villes et banlieues, et trois ou quatre pays. Si je ferme les yeux et tente d'en faire une recension sérieuse, mon esprit s'égare dans les chiffres; cela va chercher dans les vingt, quarante ou cent lieux distincts. Le problème est de savoir si la prétention d'habiter -ou d'avoir habité - quelque part repose sur une simple question de durée d'occupation. Peut-on dire d'un prisonnier qu'il habite en prison, d'un élève qu'il habite au pensionnat, d'un soldat qu'il habite à la caserne ? Habite-t-on quelque part quand on est en voyage ?
Luc Bureau. Géographie de la nuit
Dans les rues, les avenues, les ruelles, elles égrenaient leurs souvenirs :
une cartographie, un arbre abattu, une nichée d'hirondelles, un mauvais chien, une petite fille qu'on appelle Nadia...
Moi qui, de leurs vies, ne connaissais que l'ailleurs, j'en découvre l'ici.

*Chute/Parachute est une pièce de Michel Gonneville

dimanche 23 septembre 2012

Le paysage comme distance optique

Du fait que le paysage soit un "espace à portée du regard", on ne se poste pas n'importe où pour l'embrasser. On se poste de loin, on s'accorde un recul. La hauteur de vue assure une profondeur de champ maximale, mais la vue plongeante n'est pas impérative. Du satellite ou d'un avion à haute altitude, le champ de vision est amplifié (il embrasse des distances considérables) mais l'espace embrassé est dilué dans une abstraction planétaire, colorée, contrastée, mais écrasée, aplanie. En revanche, une trop grande proximité interdit la vue d'ensemble; privilégiant le détail, l'anecdote.
Maurice Rona. Paysages II, in Hérodote, juillet-septembre 1977

samedi 22 septembre 2012

Le dépaysement

INTERDICTION DE NOURRIR 
LES ÉCUREUILS
LES PIGEONS
LES GOÉLANDS

vendredi 21 septembre 2012

Le cabinet des rêves 89


Je suis avec R., nous marchons en parlant et je ne m'interromps pas quand je vois Guillaume et Nicolas D. sur le trottoir : je leur fais juste un signe en passant. 
Nous arrivons dans une parcelle d'herbes appartenant aux F. dans laquelle nous savons qu'ils veulent planter des rosiers.
R. m'apprend qu'il m'appellent avec un nouveau surnom (Bourrepif ??? Grossous ???), le même qu'ils utilisaient pour la désigner, elle, avant.
Or, c'est un nom qui n'a de rapport ni avec elle, ni avec moi.
Plus tard, elle et E. me font remarquer que j'ai "l'air d'un sosie" maintenant, contrairement à avant où j'étais plus originale. 
Ils me conseillent de porter à nouveau les cheveux très courts. 
L. renchérit en disant qu'il aimerait vraiment me voir porter les cheveux rasés à l'exception d'une petite houppe sur le front. 

Rêve du 15 août 2012

jeudi 20 septembre 2012

Le mot travail correspond à plusieurs sens : le travail en tant qu'activité économique, le travail en tant que facteur de production et le travail comme valeur économique.

Nous avions rendez-vous sous la verrière.
Dans sa salle de travail, il y avait un ordinateur, un tableau. Et un piano à queue.
Plus tard, la poitrine de la chanteuse palpitait, les archets s'agitaient en rythme.
Tous, sur scène, ils travaillaient.


mercredi 19 septembre 2012

Loin de Schengen

Où vivez-vous ?
Qu'est-ce que vous y faites ?
Où allez-vous ?
Pourquoi ?
Pour combien de temps ?
Et après ?
Vous voyagez seule ?


lundi 17 septembre 2012

Une semaine à New york (la paramnésie)

Si j'ai oublié le nom du photographe, j'ai toujours son conseil à l'esprit :

 ne prenez aucune photo que vous ayez déjà vue

Alors que le bateau longeait l'île de la statue
j'ai donc déserté le pont

-A New York, expliqua-t-il en prenant un verre de vodka tout de suite après le thé, on comprend avec une acuité particulière que l'on peut passer toute sa vie dans une petite cuisine puante à regarder une cour sale et pleine de crottes tout en se nourrissant de boulettes de merde. Tu restes ainsi près de la fenêtre, à regarder ces tas de détritus, et tu ne te rends même pas compte que ta vie s'en va.
-Intéressant, reconnut Tatarski pensivement. Mais est-il nécessaire d'aller à New York pour comprendre cela ? Est-ce que...
-C'est à New York que tu piges ça. Pas à Moscou, le coupa Pouguine. C'est vrai qu'il y a beaucoup plus de cuisines puantes et de cours remplies de crottes chez nous. Mais, ici, tu ne comprends jamais que toute ta vie va se dérouler dans ce cadre. Jusqu'à ce que la mort t'emporte. C'est là l'une des caractéristiques de la mentalité soviétique.
Viktor Pelevine. Homo zapiens.

dimanche 16 septembre 2012

Une semaine à New York (le salon de verdure)

Il est banal de constater qu'on s'emporte soi-même en voyage.
A New York comme partout ailleurs, le samedi après-midi m'a fait hésiter : 
à quoi passer les heures ?
Et puis, traversant Bryant Park, j'y ai croisé le salon de lecture. 
Et la question ne s'est plus posée.
Comme Bryant Park est situé derrière la bibliothèque publique, les statues d'écrivains abondent entre ses arbres. Devant moi, sur un socle pas très haut, dans une généreuse épaisseur de vie sédentaire et de bronze, est assise Gertrude Stein dont l'effigie est la dernière à s'être incorporée à la population littéraire du parc. Les autres héros ou hommes de lettres en bronze s'accoudent à des colonnes en des attitudes solennelles ou sont assis sur des fauteuils semblables à des trônes, messieurs en longue redingote, aux épais favoris et au nom oublié, mais Gertrude Stein a une attitude dégagée, prosaïque, celle d'une grosse dame qui s'assied sur un banc après une marche qui l'a fatiguée : les hanches très larges, un nez crochu qui rappelle le bec d'un gros oiseau bienveillant. Les gens passent, déjeunent, parlent dans leur téléphone portable, fument avec les yeux à demi fermés, lisent le journal, jouent aux échecs sur de petites tables métalliques, et Gertrude Stein appuie d'un air méditatif son menton dans une main et le coude dans son giron de matrone de bronze, avec l'expression qu'elle devait avoir quand elle posait pour Picasso. 
Antonio Munoz Molina. Fenêtres de Manhattan.

samedi 15 septembre 2012

Une semaine à New York (la routine)

Je crois que je n'aimerais pas qu'on m'éloigne du charme incomparable de ma vie ordinaire. Je me contenterais de vivre à New York, mais pour y mener aussi une vie simple, en contact permanent avec la rassurante banalité du quotidien. 
Enrique Vila-Matas. Dublinesca.
Le troisième matin, le vendeur de bagels me demanda :
Comme d'habitude ?!


vendredi 14 septembre 2012

Le cabinet des rêves 88

Un rêve est une procédure intelligente de fabrication
Tobie Nathan
Alors que je viens de garer ma voiture sur la place d'un marché très "français", je vois un panneau indiquant la direction de Times Square bien plus proche que ce que j'aurais cru.
Je pense que je peux y aller à pied mais que je dois faire attention à ne pas me perdre. 
Plus tard, je rentre dans un magasin où tout le monde parle japonais.
J'ai mon filleul dans les bras. C'est un nourrisson d'à peine quelques mois.
Il est dans un état proche de la déshydratation et je me demande où je vais trouver de l'eau mais aussi comment je vais le faire boire. 

Rêve du 7 août 2012

jeudi 13 septembre 2012

Une semaine à New York (la couleur du rêve)

je décidai de faire preuve d'humilité : ce n'est qu'avec patience, avec résignation, que je serai capable de percer le secret de New York -à travers la banalité de ses trottoirs, de ses petites boutiques de quarter, le halo familier des réverbères. Si ce sens primordial que j'avais entrevu en rêve existait, ce n'est pas dans l'ombre des gratte-ciel que je le trouverais mais dans la foule de petites observations que j'accumulerais patiemment.
C'est ainsi que mes yeux, qui fouillaient depuis des heures, commencèrent à se dessiller. Je perçus la couleur des tuyaux et des compteurs de la pompe à essence. Je remarquai les chiffons sales dans la main des enfants qui surgissaient sur la chaussée pour laver les vitres des voitures arrêtées aux feux; je vis les shorts et les chaussures de sport que portaient les hommes et la couleur bleuâtre des cabines téléphoniques éclairées d'une lumière métallique; les murs, les briques, les grandes plaques de verre, l'éclairage des bars, les passages piétons, les publicités pour Coca-Cola et Marlboro, les affiches sur les murs, les arbres, les chiens, les taxis jaunes, les traiteurs... C'est comme si je découvrais un passage finement ouvragé, composé de bouches d'incendie, de poubelles, de murs en brique et de canettes de bière cabossées. Chaque rue, chaque quartier, chaque endroit où nous nous assîmes pour prendre une bière ou un café, me semblait complaisamment au service du même rêve.
Orhan Pamuk. D'autres couleurs.

mercredi 12 septembre 2012

Une semaine à New York (les New-Yorkais)

Ceux qui ont pensé que je saurais leur indiquer la direction qu'ils cherchaient.
Celle à qui ma coupe de cheveux a plu,
celle qui trouvait que mon collier était original.
Celui à qui les photos qu'il me voyait prendre ont rappelé celles qu'il prenait, lui, dans les années soixante-dix.
 Celle qui a vérifié que ma nationalité était bien celle qu'elle me supposait,
celle qui a proposé de prendre la photo que mon retardateur ne me permettait pas de cadrer.
 Celle qui a partagé l'enthousiasme que la couleur du ciel au couchant lui inspirait.
 Tous ceux qui ont fait des compliments, à mon passage.
 Celle qui m'a couru après pour me donner un ticket oublié,
celui que ma montre "Mao" a amusé.
Celui qui m'a dit "Bonjour mademoiselle" en français.
Anonyme observatrice, je n'étais pourtant pas un
fantôme invisible.

New-yorkais était une expression que mon père utilisait à tout bout de champ et dans n'importe quel contexte. Il la collait en fin de phrase pour exprimer une condamnation générale, chaque fois qu'il parlait de quelque chose qu'il trouvait "mou" ou "chichiteux" ou "pas comme y faut". Par exemple : "Trois mois que j'ai c'te chemise et elle est déjà fichue. Des beaux dollars tout prop'es pour c'machin qui tombe en loques avant que j'aie enlevé l'étiquette ! New-yorkais.""Qu'est-ce que t'as contre les New-Yorkais ? lui avais-je demandé un jour. Tu y es déjà allé, à New York ?-Pour quoi faire ? avait-il répondu. C'est d'là que viennent tous les New-Yorkais."
Reif Larsen. L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet.

mardi 11 septembre 2012

Tuesday self portrait (femme au foyer)

Les Américaines ont toujours eu peur des Françaises. Miléna eut une moue réprobatrice. Dans la situation présente, elle aurait plutôt affirmé le contraire. Les Américaines, les Françaises, c'était une classification sommaire, deux groupes circonscrits par les attributs évasifs d'une nationalité. S'il s'agissait d'un compliment, Joan s'y prenait d'un peu loin. Non, je t'assure, ce n'est pas aussi caricatural qu'il y paraît. Alors je ne comprends pas. Joan vint s'asseoir en tailleur près d'elle. Vous êtes pour nous le symbole d'une combinaison que nous ne parvenons pas à incarner... la féminité et le naturel, la fragilité et la volonté. Le portrait aurait été flatteur s'il n'avait pas été caricatural, voire risible. Joan ne pouvait pas entretenir sérieusement ce genre d'idées. OK, admettons que nous soyons cela. Pourquoi en avoir peur ? Parce que vous vous octroyez un droit que notre culture nous refuse, celui de voler les hommes ! Et la combinaison dont je parle vous en donne justement les moyens. Miléna se mit à rire; elle ne parvenait pas à croire que Joan puisse raisonner ainsi. Françaises et Américaines auraient été les noms de deux tribus d'Amazone se disputant, à armes inégales, un cheptel de mâles. Tu vas me dire que les femmes d'ici ne cherchent pas à séduire ? Pas lorsque l'homme est pris; c'est un interdit tacite.
 Céline Curiol. Exil intermédiaire.

lundi 10 septembre 2012

Ooh, it's a mess alright, yes it's Mile End*

Il y eut les vendanges. Une bouteille de Quincy. Un meurtre en direct. Des projets de voyages 
(peut-être la Chine, d'abord). 
Il y eut les ruelles, d'autres ruelles. Des enfants sans enfance. Un agent à sa fenêtre. La fin des ventes de garage.
                              
Il y eut l'influence des années 80. Des parents déçus. Une expérience un peu triste qui rend sage
(si j'y retournais, ce serait par confort).

Et, dans la tête, *un refrain sans âge

dimanche 9 septembre 2012

Love streams

Quand elles sont entrées dans la boutique pour s'abriter, 
les trois amies 
étaient déjà aussi trempées 
qu'après un plongeon dans le bassin olympique.
Il aurait fallu être rue St Denis
afin de voir les mots d'amour 
s'effacer
en tourbillons colorés. 

samedi 8 septembre 2012

il dit :

Y'aura l'amour !
C'est écrit dans l'évangile !
Et alors le pays sera sauvé !
Tu comprends ça ?
Y'aura l'amour !

vendredi 7 septembre 2012

Le cabinet des rêves 87

Je suis en train de manger un sandwich avec du tofu et des légumes grillés. 
R. me dit : C'est dommage que tu manges si mal, maintenant !
Je reste interloquée : Que je mange mal ? Je mange des protéines, des légumes et des fruits à chaque repas ! 
Elle a l'air de se forcer à admettre que, dans ce cas, on ne peut pas dire, en effet, que c'est une mauvaise alimentation.
Je lui demande :
C'est parce que je ne mange pas de sucre ?
Oui ! On ne peut plus rien partager ! 

Rêve du 13 août 2012

jeudi 6 septembre 2012

Laissez les bons temps couler

La devise du boulanger est 
immédiatement 
devenue 
la mienne