A l'issue de toutes ces nuits sans images, je finis par douter d'avoir un inconscient.
Le temps du sommeil, s'il est sans visions, n'est-il pas perdu ?
Avant, mes rêves répliquaient les scènes de mes journées en gommant les décors. Seuls les actions et les dialogues semblaient importants alors même qu'ils n'avaient pas davantage de panache ou d'intérêt que ce que j'avais déjà mollement vécu et platement dit. Je m'éveillais, doublement fatiguée par la vacuité de mes journées.
Seules quelques nuits me transportaient dans un lieu précis et c'était toujours dans la maison de la rue des gamelles.
Mon unique géographie onirique est donc celle de mon enfance, des vacances belges de mon enfance.
La porte lourde -verre et fer forgé- le salon orné de trophées, les meubles verts de la chambre de Christine.
La dernière fois que j'en ai rêvé, j'étais à la fenêtre, effrayée par quelque chose.
Et, manipulant les bustes qui les bloquaient, j'en fermais précipitamment les volets.
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