samedi 22 janvier 2011

REvenante

et puis la nuit est tombée. 

L'obscurité a envahi tout le salon, à l'exception du cercle de lumière intime et chaude de la lampe, près du fauteuil.
Le disque égrenait des mélodies de jazz enfumé des années folles.
Dans le fond du bol blanc refroidissait une dernière gorgée d'earl grey.
Le chat noir avait pris possession de mes bras, j'avais achevé ma lecture mais je suis restée un long moment immobile.

Figée dans cette image de moi, avant.
"Sans hésitation, j'achetai le livre. J'ai toujours cet exemplaire, aujourd'hui jauni, sali et quelque peu abîmé, épaissi aussi à cause d'innombrables petits papiers insérés, exemplaire-trace, exemplaire-témoin dont certaines pages sont massivement et, parfois, doublement soulignées. Sur la page de garde du début du volume, tout à fait en haut, le prix est indiqué : 3190 yens, tandis que sur la page de garde de la fin du volume, je vois la date d'acquisition et mon nom écrits au crayon à papier: samedi 25 novembre 1972, Akira Mizubayashi. L'écriture petite, fine et soignée venant d'un passé lointain me semble être celle d'un autre. Le prix fort élevé de La Transparence et l'obstacle pour un étudiant ne me découragea pas. J'avais chaque mois 10000 yens d'argent de poche pour les menues dépenses de la vie quotidienne. Pour les livres, je disposais d'un budget illimité, si j'ose dire. Mon père me disait : 
-Aucune marchandise n'est meilleur marché qu'un livre, à condition qu'on le lise. Tu achèteras autant de livres que tu voudras, si tu en as besoin et si tu les lis. Rien de plus cher, par contre, qu'un livre, si on ne le lit pas puisqu'on ne peut même pas s'en servir comme papier hygiénique."
Akira Mizubayashi. Une langue venue d'ailleurs

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