jeudi 26 juillet 2012

Un thé en Bosnie

Je m'étais levée, j'allais partir.
Elle avait encore quelque chose à dire
mais craignait que ce soit trop long :
L'importance des prénoms 
(dans les fictions)
Je suis restée, encore un peu : 
environ une heure vingt-deux.  
 En chemin vers l'arbre, ils croisèrent une famille. C'était une de ces familles qu'on croise le samedi après-midi en forêt, avec trois enfants et une grand-mère précoce, portant sacs et glacières, un père en jogging qui tient le petit sur les épaules, une très jeune mère en escarpins conversant avec la grand-mère qui répond distraitement au nom de mamita ou de mamée, ou tout autre nom dérivé de son vrai titre, en direction d'enfants en jogging aux tempes et au crâne rasés avec juste une mèche qui leur lèche l'oeil, et qui répondent eux-mêmes à des noms prétendûment importés du fin fond de la Bretagne ou de l'Irlande ou franchement calqués sur des modèles d'automobiles, du type Gwendolin ou Twingy, et souvent un chien à poil long avec une mèche qui lui lèche l'oeil, et un puîné à casquette logotypée qui disperse en marchant des papillotes de caramels. 
Christian Oster. Le pique-nique.*

1 commentaire:

  1. *Pour Gwendoline, dont le prénom plutôt agréable à entendre, à lire, à écrire et -j'imagine- à prononcer, ne rencontre dans ce livre que son improbable et fictive caricature masculine et sera désormais lié, pour moi, à la précieuse lectrice qui le porte. Amicalement. Christian Oster

    (La prochaine fois que j'emprunterai à une jeune femme son nom pour jouer avec, je ferai preuve de davantage de prudence)

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