lundi 15 octobre 2012

Lire dans les villes (2 : à New York avec Antonio Munoz Molina)

Le matin, sur les bords de l'East River -et seulement là-
pendant que les habitants du quartier couraient,
échangeaient des nouvelles,
faisaient se rencontrer leurs chiens,
pendant que le soleil achevait de se lever,
qu'il devenait de plus en plus chaud
en même temps que mon café refroidissait,
j'émiettais mes bagels toastés
au-dessus des lignes que je lisais
avant d'aller vivre la ville.
New York est une ville de lève-tôt. Le premier jour où je me suis réveillé dans cet appartement, avec la lumière de l'aube à cause de mon sommeil déréglé par le voyage, je suis sorti dans la rue, hébété, à la recherche d'un café et il y avait le long des trottoirs et sur les carrefours sans circulation beaucoup de gens tôt levés et actifs, joggeurs en route pour Central Park, marcheurs rapides en short et en tennis, gens qui promenaient leur chien ou qui rentraient chez eux en portant sous le bras le New York Times du dimanche. J'allais devoir secouer ma paresse espagnole pour mieux profiter de mon temps, pour sortir au plus vite et marcher dans la ville, y découvrir et y apprendre d'autres choses, emmagasiner d'autres images avec l'attention fascinée et la curiosité gourmande de celui qui est toujours un nouveau venu et qui veut tout voir, qui demande au minimum à chaque journée l'intensité d'une sensation véritablement forte.
Antonio Munoz Molina. Fenêtres de Manhattan.

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