J'ai secoué la tête en riant.
Puis elle a travaillé en silence.
Il apprend qu'à la base il n'existe pas un seul coiffeur qui coupe les cheveux deux fois de la même manière. Dans son cas, c'est ou bien parce qu'il ne parvient pas à demander ce qu'il veut deux fois de la même façon, ou bien parce que le coiffeur ne comprend pas la demande de la même manière ou bien parce que, même si la coupe est la même, les cheveux, surpris dans une phase déterminée de poussée, qui deviendra sans doute quelque peu différente dans quelques minutes, dans quelques heures ou dans quelques jours, de la phase où ils ont été coupés la fois dernière, interprètent et modulent la coupe de façon différente, en la faisant souvent dévier de son sens d'origine. Il apprend l'insatisfaction. Quelle insatisfaction ? L'insatisfaction qu'on ne les lui coupe pas bien, qu'on les lui coupe bien mais que cet effet bien ne dure que quelques jours, que la coupe splendide illustrant la photographie d'un magazine qu'il a apporté comme modèle pour sa coupe ne colle pas avec ses cheveux, ou colle mal avec son visage, ou sympathise et colle bien mais le transforme en stupide portrait de couverture de magazine.
Alan Pauls. Histoire des cheveux.
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