lundi 25 février 2013

ce qui continue



les épilogues 
peuvent très bien être 
les prologues  
de
commencements 
nouveaux* 
*George Steiner
Rien ne s'arrête, jamais.
Et même, tout
continue
ICI 

, en attendant.   


dimanche 24 février 2013

L'échange

-Je suis engagé, dit Laurent.
-Eh bien ! dégagez-vous, reprit Palmer. Voilà du papier et des plumes ! Ecrivez, écrivez, je vous prie !"
George Sand. Elle et lui. 
-Compte-t-on les jours de la même façon 
après avoir posté 
un courrier
ou avant d'en recevoir un dont 
on sait qu'il nous a été envoyé ?-

J'attendais une lettre
, c'en est une autre qui m'arriva.
De celle qu'on ne timbre ni ne cachette
parce qu'on la confie à internet
et qu'on pense qu'elle sera
lue dans la minute, dans la journée : là.

A moi,
il aura fallu dix mois
pour découvrir son message qui parlait de nos correspondances passées.
mais l'émotion de ses mots n'avait pas vieilli, pas bougé.
(10 mois avant de savoir
que c'était lui qui me lisait, des Baléares)

J'ai répondu et maintenant
, j'attends
,doublement.


samedi 23 février 2013

il (me) dit :


C'est normal qu'ils te demandent leur route : 
tu as l'air 
si confidente.


vendredi 22 février 2013

Le cabinet des rêves 111

Je vois deux formes étranges dans le ciel. 
Je finis par les identifier : ce sont des voitures. 
Je crois tout d'abord qu'elles sont en train de brûler et que c'est la force de l'incendie qui les a propulsées si haut mais je m'aperçois ensuite qu'il y a des gens qui rient et plaisantent à l'intérieur.
Les voitures ne tardent pas à "atterrir". 

Un peu plus loin, l'une d'elle "s'envole" à nouveau mais pas très haut avant de continuer sa route normalement.
L'un des occupants en descend en route. Il a un objet en main qui ressemble à une pompe à vélo et qui diffuse de la fumée. 
Je comprends que c'est lui qui est responsable du phénomène. 
En le croisant, je m'exclame : C'est génial !
Il me répond que, En effet, c'est amusant ! 
Je ne lui demande pas de me révéler "le truc" de son tour mais il me dit, spontanément : Si ce n'est pas possible de monter au ciel, alors il faut le faire venir à nous.

Rêve du 15 février 2013

jeudi 21 février 2013

La naïveté

A l'époque où je prenais pour argent comptant tout ce qu'elle me disait, ma soeur m'avait parlé de l'adage selon lequel la meilleure année de notre vie était forcément celle pendant laquelle notre âge coïncidait avec le chiffre de notre date de naissance.
Aveuglée par la déception d'avoir vécu mes cinq ans dans l'ignorance de ce fait et sans particulièrement les savourer, je n'avais pas réalisé que, à en croire ce raisonnement, personne au monde ayant passé l'âge de 31 ans, ne pouvait être plus heureux qu'il ne l'avait été jusque-là.

mercredi 20 février 2013

Les dernières fois

il y a celles que je pourrais précisément dater
que j'ai fait du ski
que j'ai eu les cheveux longs 
 que j'ai conduit une voiture
que je t'ai embrassé

et celles pour lesquelles j'aurais du mal à le faire
que j'ai mangé du poulet
  que j'ai lu un roman policier
que j'ai pleuré
 que j'ai vu la mer

mardi 19 février 2013

Tuesday self portrait (le discernement)


"On ne devient laid, inintéressant, que parce qu'on ne surveille pas sa manière de manger et de vivre. Inversement, on devient attrayant, séduisant, pour peu qu'on applique son intelligence et son discernement à ce qu'on fait, à ce qu'on mange. Bref, le secret du charme repose en vous, ou plutôt dans ce que vous mangez. 
Avant  tout, réformez vos habitudes alimentaires. Je n'ai jamais assisté à vos repas. Mais je suis sûr que vous mangez trop vite et que vous ne mâchez pas assez. Je l'ai constaté maintes fois : certains se précipitent dans une boutique, engloutissent un sandwich et une tasse de café et ressortent avant que vous ayez eu le temps de chanter "Au clair de la lune".
La tâche de digérer est reportée sur l'intestin grêle, déjà surchargé de besogne, qui ne peut pas tout faire et qui laisse forcément inemployée une bonne part de la nourriture qui lui arrive. 
Si vous voulez extraire de ce que vous mangez tous les principes nourriciers qui s'y trouvent, mâchez et remâchez votre nourriture."
Benjamin Gayelord Hauser. Mangez pour être belles.

lundi 18 février 2013

-liquide amniotique-

au réveil
j'étais pareille
qu'à l'instant du sommeil

la bouillotte contre moi
-blottie-
avait juste tiédi
l'eau dedans
bougea en même temps
que moi
dans un bruit de ressac
comme si mon coeur était un lac
-ou une flaque-

dimanche 17 février 2013

L'exigence

Le goût de chacun ne peut se former que par la recherche du meilleur et donc de la singularité. Aussi le parcours du lecteur ne peut être que solitaire. Le lecteur -où qu'il lise- se doit d'être, obstinément, un aristocrate.
Frédérique Pernin

samedi 16 février 2013

il (me) dit :

Madame, excusez-moi, vous pouvez m'indiquer où est la rue du métal
???????????????????????????????????????????????????????????????
(...)
Merci Française
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
 -C'est exactement ça, mais dans la direction opposée. 
Telle était la méthode de prédilection de Calvino quand il s'agissait de renseigner des gens. 

Cette fois, cependant, il n'avait pas eu le temps de renseigner ce monsieur sympathique avec la précision requise. C'est exactement  comme je vous l'ai dit, mais dans la direction opposée. il ne se sentait aucunement coupable : faire en sorte que les gens se perdent dans le quartier était un acte de généreuse sympathie. A l'instar de quelqu'un qui a plaisir à montrer un film ou à faire lire un livre qu'il a aimés, Calvino savait que si les gens parvenaient directement à destination, sans aucun détour, ils n'auraient jamais l'occasion d'explorer ces recoins que seuls découvrent ceux qui se sont complètement fourvoyés. 
Gonçalo M. Tavares. Monsieur Calvino

vendredi 15 février 2013

Le cabinet des rêves 110

L'étude des rêves présente une difficulté particulière : on ne peut les observer directement. Seuls leurs souvenirs peuvent être objet d'examen ou de discussion. Peut-être que le souvenir des rêves ne leur corresponde pas directement. Un grand écrivain du XVIIe siècle, sir Thomas Brown, estimait que le souvenir des rêves était beaucoup plus pauvre que leur splendide réalité. D'autres, au contraire, pensent que nous embellissons nos rêves, c'est à dire que, si nous pensons que les rêves sont des oeuvres de fiction (ce que je crois), nous poursuivrons le travail d'imagination en nous réveillant et plus tard, en racontant nos rêves. 
Jorge Luis Borges.
 Je prends le train pour Paris. Il est composé, entre autres, de petites voitures individuelles. 
Alors que le train est en train de partir, j'en choisis une si petite que je me demande si je vais réussir à y entrer (oui : tout juste !). 
A l'arrêt suivant, N. s'installe juste derrière ma voiture, dans une espèce de petite carriole, même pas couverte.
Il commence à me parler et je ne réponds qu'évasivement dans l'espoir que la conversation ne dure pas tout le voyage. 
Dans une autre gare, il y a vraiment foule sur le quai et c'est avec soulagement que tout le monde voit arriver un wagon qui sera ajouté au train. 
Je m'éloigne de la gare pour aller chercher quelque chose (?) mais j'ai vite peur de manquer le départ du train et je me dépêche d'y retourner. 
N. est attablé avec J. 
Je m'installe avec eux et je suis éclaboussée par le jus de la viande très saignante qu'ils ont commencé à découper. 
Je dis que je ne tiens pas à être tachée par quelque chose que je ne vais pas manger et je vais dans une salle de bain, frotter ma marinière et le haut de mon jean qui sont mouchetés de sang. 
Une petite fille vient se laver les mains. 
Je lui laisse la place en disant Allez-y ! 
Elle s'étonne : Vous me vouvoyez, maintenant ?

Rêve du 9 février 2013

jeudi 14 février 2013

insom nuit


à quoi servent les heures blanches ?

mercredi 13 février 2013

rester de

ils m'oublient moi nettement plus souvent
que je ne les oublie eux les gens

et puis soudain dans la rue il sonne
mon prénom !
une syllabe qui claque mais personne
et puis je le vois le garçon
penché au troisième au balcon
le mouvement de son bras
Ça va ?!
 et déjà rentré, plus là

mardi 12 février 2013

Tuesday self portrait (les rendez vous)

Je ne sais pas ce que je ferais sans elle. Elle comprend mes cheveux. Il y a longtemps que j'ai renoncé à rien en faire moi-même. Pour moi, les cheveux sont comme les maris : tant que l'on vous voit ensemble en public, peu importent les divergences que l'on peut avoir dans l'intimité. 

Saki. La fenêtre ouverte

lundi 11 février 2013

Die Welt als Wille und Vorstellung

"Nous n'avons en ce monde que le choix entre la solitude et la vulgarité", confirma Schopenhauer, avant de recommander que l'on enseignât à tous les jeunes gens "comment supporter la solitude (...) parce que moins un homme est obligé de côtoyer ses semblables, mieux il s'en trouve". Heureusement, après avoir passé quelques temps à travailler et vivre avec des gens, toute personne sensée, suggérait-il se sentira naturellement "aussi peu encline à fréquenter souvent les autres qu'un maître d'école à partager les jeux d'une bande de garnements turbulents et bruyants".
Ceci dit, une décision d'éviter les autres n'implique pas forcément qu'on n'a aucun désir de compagnie. Elle peut refléter simplement une insatisfaction à l'égard de ce qui est disponible.
Les cyniques ne sont que des idéalistes trop exigeants pour ne pas être déçus. Chamfort : "On dit quelquefois d'un homme qui vit seul : "Il n'aime pas la société". C'est souvent comme si on disait d'un homme qu'il n'aime pas la promenade sous prétexte qu'il ne se promène pas volontiers le soir dans la forêt de Bondy".
Alain de Botton. Du statut social.
Pour ne plus entendre
comme
un
lundi
je ne demande plus les nouvelles de personne

dimanche 10 février 2013

Je me souvien(drai)s

Si je n'ai pas gardé vos présents
j'ai gardé vos mots
écrits pour moi
et à la main
18-2-2000               6 ans- E.

le 14.10.1998
Parce que la compagnie des spectres est une hantise parfois fascinante, à Gwendoline dans l'espoir que Rose et Louisianne lui deviennent, comme à moi, d'attachants fantômes...
Nikola

Comme un essai d'aide au classement des choses pour Loup. 
P.

Pour Gwendoline, en manière -provisoire- de réponse à sa dernière lettre. Avec l'amitié de Christian

Joyeux Noël petite soeur
Roselyne (25-12-79)

Pour Gwen, une histoire littorale pour frissonner et revoir de lointains paysages ! 

Paris, 04/08/08
A Gwen, Montmartre, Mont des Martyrs, pour que dure toujours l'amour des couleurs, toute ma tendresse, Chantal

Les valeurs essentielles prônées par nos constructeurs de cathédrales sont aujourd'hui enfouies mais pas mortes... Certains ont entrepris une oeuvre, certes vaste, mais tellement noble, celle de redonner à l'apprentissage ses lettres de noblesse... Vous faites semble-t-il partie de ceux-là. Alors bonne route...
Nicole

Pour Gwendoline, avec d'autant plus d'amitié que nous partagerons, à travers ce petit bouquin, le meilleur de nos adolescences. Très amicalement, donc, Marie

4-7-96
Présent en contrepartie d'une excellente bouteille de vin, bue un 29 juin inoubliable.
Ton K.

Pour Gwendoline, 
ce livre de l'amour et de l'eau et bienvenue à Bruxelles, 

5 sept 2007.
Pour toi, 
Pour mon amie Gwendoline
Heureuse année, Dearest.

samedi 9 février 2013

il dit :

 Et puis elle s'est mise à chanter 
Ce matin, un lapin a tué un chasseur !
et tout le monde était gêné.

vendredi 8 février 2013

Le cabinet des rêves 109

Je vais chez C.
Elle est alitée et, sous ce prétexte, son compagnon (je ne suis pas sûre qu'ils vivent ensemble mais c'est un homme qui prend soin d'elle) ne veut pas me laisser entrer. 
Je force le passage et arrive dans la chambre de C. 
Elle se lève pour me prendre dans ses bras. 
Sachant que c'est la dernière fois (je comprends à ce moment-là qu'elle va mourir), elle pleure à chaudes larmes. 
Par imitation, je pleure, moi aussi. 
Elle me propose de revenir la voir encore une fois mais, comprenant que, ce jour-là, il y aurait du monde avec elle, je préfère refuser et profiter de ce moment où je suis seule avec elle. 

Rêve du 5 février 2013

jeudi 7 février 2013

1 en français dans le texte

A titre de punition supplémentaire, je dois parler français tout l'après-midi. J'ai été obligée de vous raconter tout cela en anglais, parce qu'il y avait des tas de mots qui me manquaient en français, Mais maintenant, nous parlons français.1
-Oh, très bien, très bien", dit Mrs Stossen sans entrain. Dans les moments d'énervement, le peu de français qu'elle connaissait ne lui venait pas naturellement aux lèvres. "Là, à l'autre côté de la porte, est un cochon... 
-Un cochon ? Ah, le petit charmant ! s'exclama Matilda avec enthousiasme. 
-Mais non, pas du tout petit, et pas tout charmant; un bête féroce...
-Une bête, corrigea Matilda. Cochon est masculin, mais si vous vous mettez en colère et que vous le traitiez de sale bête, alors c'est féminin. Le français est une langue où les questions de sexe sont mal définies, vous savez.
-Bonté divine, alors parlons anglais, dit Mrs Stossen.
 Saki. La fenêtre ouverte.

mercredi 6 février 2013

chien, loup


ça aurait pu mais non
c'est ce qu'il a pensé mais non
c'est pour ça qu'il m'a souri mais non
il a cru le faire en retour je sais mais non
je souriais oui sur le trottoir de l'avenue oui
mais ni à lui ni aux autres ni à personne non
je souriais au crépuscule et au ciel tourterelle oui
je souriais à tous les jours à venir et aux soirs aussi
je souriais à l'ici mais à l'ailleurs aussi
à ce qui a été et à ce qui sera et au bonheur aussi

mardi 5 février 2013

Tuesday self portrait (insensible)

J'en glisse encore dans mon Leica
mais
je ne les fais plus tirer, 
les pellicules impressionnées.
Dans un tiroir


les rouleaux
et
les villes se mélangent. 

lundi 4 février 2013

L'établissement décline 
toute responsabilité 
en cas de vol
de
bijoux 
argent
 prothèses

dimanche 3 février 2013

aimé(e) il y a 26 minutes

et
parce que je lui écrivis
que je l'avais entendu en rêve
déclamer Baudelaire
Homme libre toujours tu chériras la mer (1)
il m'envoya
d'autres vers
(1) et
parce qu'il parla tout aussi immédiatement de ses enfants, je pensai, au réveil, à un autre que lui, sous le sceau de l'homophonie.

samedi 2 février 2013

j'ai été arbre

 car il y eut un craquement similaire à celui d'un tronc qui cède avant qu'elle brandisse sa pince et
ma dent.

vendredi 1 février 2013

Le cabinet des rêves 108

Je veux aller aux toilettes et en demande les clefs à la femme de ménage qui est en train de les nettoyer. 
Elle n'est pas autorisée à me les donner mais je lui dis que je les lui rendrai aussitôt. 
Or, les toilettes sont à moitié bouchées et j'y passe beaucoup plus de temps que celui que la femme de ménage peut attendre et quand je sors, bien sûr, elle n'est plus là. 
C'est D. qui est responsable des clefs et je vais lui rendre en lui expliquant la situation. 
Je dois insister sur la responsabilité que j'ai dans cet épisode car, d'emblée, elle soupçonne la femme de ménage d'avoir commis une faute. 

Rêve du 31 janvier 2013