jeudi 8 novembre 2012

L'homme de nos vies

Des femmes il m'arrive de me faire une idée, sans les connaître.
Non pas à la couleur de leur vernis à ongle. Ni à leur coupe de cheveux. Pas davantage à la longueur de leur jupe ou à la forme de leurs boucles d'oreilles.
Mais à l'homme avec lequel elles s'affichent, oui.

Ce jour-là, dans le métro, l'une était penchée sur David(1), une autre captivée par William(2) et, plus loin, j'en ai vu une en compagnie de Marc(3).
Quant à moi, c'était avec André(4) que j'avais choisi de voyager. 

(1) Elle avait la beauté des femmes russes, avec ce regard à la densité d'un roman tragique de huit cent pages.Elle avait la beauté des femmes russes, avec ce regard à la densité d'un roman tragique de huit cents pages.
David Foenkinos. Les souvenirs.
Elle avait la beauté des femmes russes, avec ce regard à la densité d'un roman tragique de huit cents pages.
Elle avait la beauté des femmes russes, avec ce regard à la densité d'un roman tragique de huit cents pages.

Autres citations : Citations de David Foenkinos - Ses 75 citations - Dicocitations ™ - CitationDavid Foenkinos. Les souvenirs


(2) Elle se lève et se maquille, très lentement, très posément. Pas de musique, simplement le bruit de ses gestes. Enfin quoi, vous voyez, elle se peint les ongles, elle se met du mascara. Elle fredonne un peu, elle commence à chanter quelque chose, des bribes d’une chanson en anglais. Une chanson des Beatles, du « White Album », comment ça s’appelle ? Ah, oui, Rocky Raccon. Cette fille est française, d’accord, et elle chante en anglais avec un accent français, juste pour elle. La chanson sonne totalement différente. Totalement. Un effet extraordinaire. Chair de poule des pieds à la tête. Ça dure vingt, trente minutes. Vous êtes complètement, mais alors complètement pris. 
William Boyd. Le destin de Nathalie X.  

(3) Il y avait de la tristesse dans ses yeux, des étoiles de chagrin avec un goût de sel.Il y avait de la tristesse dans ses yeux, des étoiles de chagrin avec un goût de sel.
Marc Levy. Vous revoir...

(4) Elle me souriait maintenant, sans baisser les yeux, ne semblant pas craindre que son compagnon lui en fît grief. Celui-ci, très immobile, très silencieux et dans sa pensée visiblement très éloigné d'elle -il pouvait avoir une quarantaine d'années- me faisait l'impression d'un homme éteint, plus que découragé, vraiment émouvant d'ailleurs. Je le vois encore assez bien : hâve, chauve, voûté, d'aspect très pauvre, l'image même de la négligence. Près de lui, cet être paraissait si éveillé, si gai, si sûr de soi et dans toutes ses manières si provocant que l'idée qu'ils vécussent ensemble donnait presque envie de rire. La jambe parfaite, très volontairement découverte par le croisement bien au-dessus du genou, se balançait vite, lente, plus vive dans le premier pâle rayon de soleil -le plus beau- qui se montrait de l'année. Ses yeux (je n'ai jamais su dire la couleur des yeux, ceux-ci pour moi sont seulement restés des yeux clairs), comment me faire comprendre, étaient de ceux qu'on ne revoit jamais. Ils étaient jeunes, directs, avides, sans langueur, sans enfantillage, sans prudence, sans "âme" au sens poétique (religieux) du mot. Des yeux sur lesquels la nuit devait tomber d'un seul coup.
André Breton. Les vases communicants.

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