Quand je marche, j'entends des voix.
Et les paysages de la ville se chargent de souvenirs sonores.
J'ai fini d'écouter George Steiner en redescendant la chaussée de Waterloo, un de ses livres dans mon sac.
Et un autre jour, c'étaient les pages de Karen Blixen qui m'alourdissaient pendant que je traversais Bruxelles comme si j'avais été à Copenhague.
(Comme un total look imperceptible)
Chaque jour, les personnes cultivées se voient sollicitées par des millions de mots imprimés, radio -ou télé- diffusés, qui traitent de livres qu'elles n'ouvriront jamais, et d'oeuvres plastiques qu'elles n'auront jamais devant les yeux. L'air est saturé par le bourdonnement perpétuel que produisent les commentaires esthétiques, les jugements à la minute et les pontifications préemballées. On peut penser que la plus grande partie du discours sur l'art ou du reportage littéraire, des recensions musicales et de la critique de ballet, est parcourue plus que lue, entendue mais non écoutée. L'effet n'en est pas moins l'antithèse de cette rencontre, de cette appropriation personnelles, viscérales, dont parlait Ben Jonson. Il n'y a que peu d'"ingestion"; c'est bien plutôt la "digestion" qui prévaut.*George Steiner. Réelles présences. Les arts du sens.
1 commentaire:
tu as trouvé le seul passage intéressant du livre (et de l'auteur) :)
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