dimanche 8 avril 2012

URBAINE

Est-ce d'avoir frayé en ville, parmi tous ces porteurs d'opinions et de microbes, ou bien est-ce plutôt mon long guet, hier, au bord du lac, découvert d'un fil, alors qu'en avril... Je suis enrhumé, comateux, et c'est aujourd'hui mercredi saint. Légendairement, il fait sombre, comme il se doit. Il est vrai que la terre n'est pas encore ressuscitée, l'hiver s'attarde, les mangeoires sont pleines de geais et de chardonnerets bariolés -ils sont mi-verts, mi-jaunes, en mue "caca d'oie"- et, dès que vous mettez le pied dehors, le vent vous attrape la peau du cou, comme une dizaine de mains nues et froides qui en veulent à votre pauvre souffle.
Robert Lalonde. Le monde sur le flanc de la truite.
"Pour qu'une chose soit intéressante, il suffit de la regarder longtemps"
Gustave Flaubert
c'est 
le même soleil
la même occupation
(m'emplir de chaleur)
le même espoir
(ne plus jamais avoir froid)
la même espèce de livres
(dont on tourne les pages
lentement)

mais
ce n'est plus la montagne
c'est la terrasse au bord du canal

ici je suis chez moi 
car je sais dire
les pavés
les talons sur les pavés
les peaux foncées
les têtes voilées
et les tissus colorés
les langues étrangères
la poussière
les avertisseurs
le tram tous les quarts d'heure


alors que
je suis inapte à traduire

les tuiles, les bois, les herbes, les chèvres, les sommets à gravir

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