vendredi 27 août 2010

(être) physionomiste

C'était toujours dans la foule des jours denses -pas aux heures creuses- que cela se produisait : 
soudain, une silhouette. 
Ou bien au café, au milieu des solitudes urbaines : 
tout à coup, un profil. 
Je n'aurais pas pu dire ce qui, de ces corps souvent graciles, de ces visages aux pommettes hautes, éveillait le souvenir d'un de ceux qui avaient croisé ma vie, de l'autre côté de la terre, dans un temps plus ou moins proche. 
Mais cela arrivait, oui : 
que ces personnes si étrangères m'en rappellent d'autres, anciennement familières.
Et parfois j'y passais la journée avec autant de persévérance et d'agacement que si j'avais tenté de déloger un aliment 
coincé entre deux de mes dents, 
j'y passais la journée à chercher de quelle strate de mon passé ce fantôme avait surgi et quel était son nom et même,
 pourquoi son souvenir m'avait suivi. 

Et puis, 
ici. 

Sur le trottoir d'en face, remarquer son visage, sans que son regard s'attarde sur le mien. 
Quelques secondes suffisent : 
quand le feu passe au vert, je me souviens de 
tout. 

Le premier jour de juin, 
il y a juste sept ans,
nous avions décerné

2 commentaires:

Anonyme a dit…

ce que tu décris, je pensais que c'était le symptôme d'une maladie (ou d'une prédisposition) génétique (puisque que ma soeur souffrait du même mal, qui ne touchait cependant pas ma mère, à qui on disait, regarde, on dirait pas un tel? ma mère ne voyait jamais le lien entre les deux personnes, et nous toujours).

oui, et même sur un autre continent, je continue de trouver des ressemblances, des airs de famille à des gens qui ne se sont croisés que dans ma tête.

G'

Anaïsella a dit…

Bonjour, je lis ici après avoir lu le blog précédent depuis plusieurs années maintenant. Et jamais je ne suis venue laisser un mot. Mais ce soir je m'y laisse aller car c'est bien ce jury qui m'a donné le gout de venir ici me délecter des images et des mots.
Je fus presque collègue d'un aujourd'hui installé à Valparaiso et je lui dois d'avoir découvert cet espace si aéré.
Merci à vous deux, merci à France Inter (ce qu'elle était alors, tout au moins), merci aux livres.