vendredi 2 avril 2010

La chambre claire

Ma table ronde fait face à la fenêtre.

L'homme a fait une halte sur le palier.
Il a nettoyé ses lunettes et tranquillement les a remises avant de me regarder.
Il m'a regardée le regarder.

L'écran, posé sur ma table ronde, est une autre sorte de fenêtre.
Et quand il est ouvert sur la Rue Linière, c'est comme si j'étais l'homme, dans la maison d'en face, comme si j'étais lui en même temps que moi.
Tout en y étant,
 je vois,
 comme si je n'y étais pas,

La fin d'un thé, les miettes d'une baguette, des feuilles raturées, des carnets, des livres, de l'encre.
Ma table ronde est grande comme le monde.

Et quand j'y pose ma tête, que je ferme les yeux quelques instants, entre mes bras, je m'endors à ma table, je me repose du monde, dans la lumière.

2 commentaires:

Harry a dit…

J'aime la poésie qui se dégage de tous vos textes. Une douceur également en note de fond.

gwendoline a dit…

Par ailleurs, La chambre claire est un livre de Roland Barthes.