(texte de Jean-Yves Pranchère publié aux éditions Derrière la salle de bain) |
Dans un premier temps, une bande annonce est projetée. E. en profite pour retourner à l'entrée pour passer un coup de fil.
La bande annonce dure 20 minutes et présente justement le film que nous allons voir ensuite : le dernier film de Jean Eustache. Prise d'une somnolence irrépressible, je ne parviens à ouvrir les yeux que par intermittence et je vois sur l'écran, dans un noir et blanc dont l'esthétique me rappelle celui de Sarah Moon, trois prostituées portant chacune un casque militaire et un revolver, s'abattre sur le sol et viser en tremblant l'objectif de la caméra qui est située sous une voiture.
A la fin de la bande annonce, la salle est envahie de spectateurs.
Certains sont venus avec leurs enfants et les assoient sur leurs genoux mais les enfants s'agitent et ne veulent pas rester assis.
Certains objectent que le film n'est sans doute pas destiné à un public enfantin.
Certains remarquent que, à présent, n'importe quel film qui se passe dans le Nord attire le public en masse.
Certains sont assis juste devant nous et, à cause de la configuration de la salle, nous n'avons pas la moindre chance de voir autre chose que le ciel des plans larges ou la coiffure des acteurs lors des gros plans.
Je m'extirpe de mon siège pour aller annoncer cette nouvelle à E.
Je ne le trouve pas dans l'entrée de la salle. Juste derrière moi, arrive une petite fille blonde, qui semble me suivre.
Je lui dis que je cherche quelqu'un.
Il n'y a jamais eu personne ici, me dit-elle, en me regardant bien droit dans les yeux.
Je lui rends son regard en lui demandant pourquoi elle me ment alors qu'elle ne me connaît pas.
Je lui rends son regard en lui demandant pourquoi elle me ment alors qu'elle ne me connaît pas.
Rêve du 30 mai 2008 (déjà publié ici )
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