dimanche 16 octobre 2011

La vie voyageuse (en Yamanote)

La ligne Yamanote (山手線) est une ligne ferroviaire circulaire qui délimite officieusement le centre de Tokyo. Elle comporte 29 stations et le temps de parcours total est d'environ une heure. Ses trains sont de couleur acier avec des bandes vertes. Chaque jour, une moyenne de 3,55 millions de passagers empruntent la ligne Yamanote. Les trains circulent de 4h30 du matin à 1h20 avec une cadence d'un train toutes les deux minutes aux heures de pointes. Une boucle complète nécessite entre 58 et 59 minutes.

OTSUKA
Fredonner des mélodies frivoles. Marcher dans les rues aux vitrines éclairées. Danser. Aller jusqu'à la gare. Hésiter sur une destination possible. Renoncer. Choisir un jus de fruit dans le distributeur et regarder les gens passer. Ecrire "mon amour" en haut d'une page. Prendre des livres sur l'étagère, relire quelques pages, quelques mots. Regarder les sushis en plastique de la vitrine du restaurant. Entendre le voisin de palier rentrer. Changer les photos accrochées sur le mur. Se résoudre à faire la vaisselle. Aller acheter de la moutarde. Envoyer un mail à des amis éloignés. Regarder la météo du lendemain. Et de la fin de la semaine. Commander un thé glacé à emporter au comptoir du café. En prévision du petit déjeuner du lendemain, mixer un bloc de tofu et une banane, mettre au frais. Acheter une brochette de poulet et une bière fraîche au vendeur ambulant près de la voie ferrée. Penser à la partie de la terre où il fait encore jour. S'arrêter pour écouter les musiciens jouer, près de la sortie nord de la gare. Entendre le vacarme qui s'en échappe chaque fois que s'ouvrent les portes du pachinko. Lire le mail qui fait vibrer le téléphone, sourire en voyant le nom de l'expéditeur. Eviter la trajectoire aléatoire et titubante d'un groupe d'amis qui marchent les yeux fermés. Faire défiler des photos des jours heureux sur l'écran de l'ordinateur. Aller payer la facture de gaz. Remettre au lendemain le rangement du bureau. Ou à la semaine prochaine. Attendre que le feu passe au rouge. Allumer un bâton d'encens rapporté de Jindaiji. Marcher jusqu'au square en écoutant une émission de radio, s'asseoir sur la balançoire qui grince. Regarder un film déjà vu trois fois. Sentir les effluves de savon en passant devant le bain public. Tester un nouveau fard à paupières. Fumer une cigarette sur le balcon. Feuilleter des magazines de photos dans la librairie qui ne ferme jamais. Faire chauffer de l'eau. Hésiter devant les parfums du rayon "glace" : azuki, matcha ou sésame noir ? Prendre une douche. Regarder l'heure. Traduire une recette de cuisine. Glisser une enveloppe dans la fente "international mail" de la boîte aux lettres rouge. Ecouter les voix qui chantent au bar karaoké en face du restaurant de soba. Observer le couple, mains emmêlées, démarche alanguie, rires appuyés et deviner dans quel love hôtel il va entrer. Gratter une ancienne piqûre de moustique. S'apercevoir qu'il est tard parce que plus aucun train ne passe. Croiser la vieille dame qui parle toute seule. Enfiler un pull. Regarder les étoiles. Caresser un chat. Décider de ne pas dormir. 

Aux premières heures du jour, elle sort manger un bol de riz et boire une soupe miso.

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