dimanche 30 octobre 2011

La vie voyageuse (en Yamanote)

La ligne Yamanote (山手線) est une ligne ferroviaire circulaire qui délimite officieusement le centre de Tokyo. Elle comporte 29 stations et le temps de parcours total est d'environ une heure. Ses trains sont de couleur acier avec des bandes vertes. Chaque jour, une moyenne de 3,55 millions de passagers empruntent la ligne Yamanote. Les trains circulent de 4h30 du matin à 1h20 avec une cadence d'un train toutes les deux minutes aux heures de pointes. Une boucle complète nécessite entre 58 et 59 minutes.

KOMAGOME

Le dimanche aussi elle se lève tôt. Et, avant d'aller au parc, elle passe les premières heures du jour sur son balcon. 
Elle y transporte une théière de oolong, un livre, le tofu à la banane mixé la veille. 
Doucement, le soleil entame son ascension et vient caresser le flanc arrondi du ballon d'eau sur le toit voisin. 
La rue est encore silencieuse. 
De chez elle s'échappe une partita, un motet : la musique de ses dimanches est invariablement celle de Bach. 
Puis, les machines à laver se mettent en route sur les balcons et, plus tard, les moustiquaires coulissent bruyamment, le temps d'accrocher le linge aux pinces de l'étendoir. 
Parfois un téléphone sonne dans la rue et, si elle se penchait, elle apercevrait le visage de la femme qui y répond. 
Vers dix heures, le garçon aux cheveux longs fume une cigarette. En semaine, c'est à huit heures qu'il s'accoude au balcon. 
Des vélos dévalent la pente dans un grincement de freins mal réglés. 
Des bribes de piano lui parviennent quand l'Américain ouvre sa fenêtre. 
Le haut parleur du camion de récupération -télévision, climatiseur, vélo, ordinateur...- résonne dans tout le quartier. 
Elle est là mais aussi ailleurs, là où l'emmènent les pages de son livre. 
Elle remet de l'eau à chauffer pour un thé fumé. 
Le soleil est haut, presque au sommet de l'immeuble d'en face et c'est l'heure d'y aller. 

Sous les arbres, il y a le pique-nique qu'ils déballent, les jeux des enfants et les conversations emmêlées, dans plusieurs langues. 
Ses dimanches s'achèvent dans la mélodie de la fermeture du parc, à l'heure où elle aimerait pourtant encore rester.

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