Je ne veux ni ne peux vivre de cette façon, c'est-à-dire que ma vie se réduise à cela; pareille situation n'est pas tenable et je ne suis prête en aucune façon à ce que mon avenir immédiat prenne la forme de six mois de désert, de vide et de ténèbres complets, dans le seul espoir de revoir Denys à l'automne et de connaître alors le même bonheur sans réserve, puis de me trouver ensuite rejetée dans les ténèbres et dans le désert -et ainsi de suite jusqu'à la fin de mes jours.Je sais bien que tu m'as dit qu'il valait la peine d'être totalement malheureux pendant un certain temps pour pouvoir ensuite être totalement heureux pendant une autre période. D'un point de vue strictement mathématique, il est possible que l'on puisse atteindre un état de parfait équilibre, par exemple, en restant pendant six heures dans un bain parfumé à écouter la musique la plus suave qui soit pour ensuite être soumis à la torture pendant les six suivantes (et ainsi de suite); mais dans la pratique, il est tout simplement impossible de vivre de la sorte parce que l'on ne peut se couper aussi radicalement que cela de son passé et de son avenir.(...) Non, pour que je puisse vivre, de façon générale, et que je puisse connaître, et désirer continuer à connaître dans ma vie ce bonheur indescriptible qu'est mon amour pour Denys, il faut, vois-tu que je sois moi-même, que je sois quelque chose à moi seule, que j'aie, que je possède quelque chose qui soit vraiment à moi, que je fasse quelque chose qui exprime ma personnalité.Karen Blixen. Lettre à Thomas Dinesen, le 3/4/26
mardi 3 juillet 2012
Tuesday self portrait (un point de vue strictement mathématique)
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1 commentaire:
je reviens par ic il y a tant à (re)lire
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