lundi 10 décembre 2012

companheiro

Vivre une vie cultivée et sans passion, au souffle capricieux des idées, en lisant, en rêvant, en songeant à écrire, une vie suffisamment lente pour être toujours au bord de l'ennui, suffisamment méditée pour n'y tomber jamais. Vivre cette vie loin des émotions et des pensées, avec seulement l'idée des émotions, et l'émotion des idées. Stagner au soleil en se teignant d'or, comme un lac obscur bordé de fleurs. Avoir, dans l'ombre, cette noblesse de l'individualisme qui consiste à ne rien réclamer, jamais, de la vie. Etre, dans le tournoiement des mondes, comme une poussière de fleurs, qu'un vent inconnu soulève dans le jour finissant, et que la torpeur de la nuit tombante laisse retomber au hasard, indistincte au milieu de formes plus vastes. Etre cela de connaissance sûre, sans gaieté ni tristesse, mais reconnaissant au soleil de son éclat, et aux étoiles de leur éloignement. Ne rien être de plus, ne rien vouloir de plus...
Fernando Pessoa. Le livre de l'intranquillité.
Malgré l'éloignement de certains
d'autres reste(ro)nt, continue(ro)nt à être à portée de ma main. 

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Oh... c'est pour me permettre de découvrir des textes comme celui-ci que j'aime m'aventurer dans ce blog jour après jour...