La correspondance avec la semaine dernière était tellement flagrante que j'aurais pu la voir dès l'achat du livre.
Et, pourtant, il m'a fallu quelques jours avant de m'en rendre compte.
"Andreas Andreopoulos, qui avait passé la totalité des quarante années de sa vie à écrire des pages de codes pour ordinateurs de jeux, se souvenait d'avoir sauté en l'air pour cueillir une feuille dans un arbre, et d'avoir ouvert un magazine de mode pour humer des échantillons de parfum, et d'avoir écrit son nom sur le voile de condensation d'un verre de bière. Ils le préoccupaient, ces souvenirs informes, quasi clandestins. Ils semblaient peser tellement plus lourd qu'ils n'auraient dû, comme s'ils constituaient véritablement le fardeau qui composait le sens de sa vie. Il songeait parfois à les reconstituer dans une autobiographie, tous ces souvenirs miniatures qui avaient pris la place des menus détails de son travail et de sa vie de famille, excluant tout le reste. Il la rédigerait à la main, sur des pages de cahier non lignées. Il ne toucherait plus jamais à un ordinateur."
Kevin Brockmeier. Une brève histoire des morts.
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