jeudi 13 décembre 2012

Baisers volés

Un matin, il était en tee shirt et tranchait du pain. Elle a enroulé ses bras autour de son ventre et posé sa joue, doucement, sur son omoplate. Il n'a plus bougé.
Un autre jour, c'était elle qui cuisinait. Lorsqu'il l'a enlacée, lui a soulevé les cheveux pour embrasser sa nuque, elle s'est dégagée suffisamment pour pouvoir se retourner et lui offrir sa bouche. 

Mes nouveaux voisins ouvrent les rideaux que les précédents gardaient obstinément tirés. 

Quant à ceux du rez-de-chaussée, ils aiment toujours regarder les séries dont je me demande si les acteurs qui les doublent parlent aussi peu naturellement le soir, dans leur cuisine.
Samedi, un rendez-vous sentimental à midi ICI
Ecris-moi, je t'en prie, de temps à autre.
Ne m'écris pas de façon trop vague.
N'hésite pas à me raconter que le rideau de notre fenêtre a de nouveau brûlé et que les gens nous regardent de la rue. 

De coeur, à toi,
Ingeborg.

Vienne, 26 mars 1951 

Le temps du coeur. Correspondance entre Ingerborg Bachmann et Paul Celan

1 commentaire:

patoumi a dit…

Hier, il me paraissait indispensable de lire cette correspondance au plus vite (=ce week end) mais impossible de la trouver, ni dans la jolie librairie de littérature étrangère, ni dans celle moins jolie mais la plus grande fréquentable de la ville, ni... nulle part. Jusqu'à ce que, désespérée, je consente vers 19heures à aller jeter un oeil au rayon de la multinationale déprimante où les gens achètent des trucs genre "kit à sushi" (il y en a plein près des caisses, à côtés des livres sur les burgers) et là, bim, Le temps du coeur, au début du rayon "littérature germanique". J'étais dépitée (de la voir là) et ravie (de la voir là).
Je l'ai presque fini.