mercredi 29 février 2012

Wonderful life

ICI, une bande son possible
 Je me souviens encore de sa bouche, restée entrouverte le temps -qui m'avait paru long- qu'elle assimile ce que je venais de lui annoncer. 
Et de sa réaction, quand elle avait su à nouveau parler. 
Tu vois, je ne m'évanouis même pas. 
Le sentiment de légèreté qui avait enveloppé tous les jours suivants m'avait paru, alors, indissociable de la vengeance à laquelle ma décision avait fini par ressembler. 
Et puis non, décidément non. 
Car maintenant et depuis longtemps, mes journées sont libres et belles sans que j'envoie de lettre de démission.  

mardi 28 février 2012

Tuesday self portrait (l'héritage)

"Je crois qu'il vaut mieux que tu te reposes, laisse-moi faire le dîner.
Non non, a dit Foster. Ce qu'il nous faut maintenant, c'est un petit casse-croûte de bûcheron. Des frites avec des oignons et des oeufs, le tout mélangé avec plein de ketchup par-dessus. Vous avez tout ça ?"
Richard Brautigan. L'avortement.

lundi 27 février 2012

L'à venir

parce que les guerres sont lointaines, que la terre quand elle tremble bouleverse d'autres vies que la mienne que les nôtres, je nous surprends, quand nous parlons d'avenir, à nous croire éternels comme si le temps que nous ne passons pas ensemble était suspendu.

dimanche 26 février 2012

La vie voyageuse (en Yamanote)

 La ligne Yamanote (山手線) est une ligne ferroviaire circulaire qui délimite officieusement le centre de Tokyo. Elle comporte 29 stations et le temps de parcours total est d'environ une heure. Ses trains sont de couleur acier avec des bandes vertes. Chaque jour, une moyenne de 3,55 millions de passagers empruntent la ligne Yamanote. Les trains circulent de 4h30 du matin à 1h20 avec une cadence d'un train toutes les deux minutes aux heures de pointes. Une boucle complète nécessite entre 58 et 59 minutes.

MEGURO
A la fin de la soirée, après avoir quitté les autres, ils marchent tous les deux le long de la voie ferrée. 
Le froid sec lui mordille les doigts et les joues après la chaleur du bar et de l'alcool. 
Il n'a pas beaucoup bu. Demain, il doit se lever tôt. Un jour sur deux, il travaille au zoo. Il leur a parlé de koalas. 
Les koalas, il aimerait... Les serrer dans ses bras ? Oui, c'est ça, J'aimerais serrer un koala dans mes bras
Sur le quai, son train est annoncé. Quant à elle, elle doit attendre trois minutes de plus. 
Elle piétine sur place. Le vent est cruel. Elle pense aux banquettes du train, à ses banquettes chauffées. 
Il parle sans la regarder. L'amour c'est difficile. Elle l'entend à peine. L'amour c'est difficile ? Oui. Car il aime sans réussir à lui dire la fille qui a les clefs de la cage des koalas. 
Il réajuste son masque sur le bas de son visage. Ses yeux ne sourient pas. Lorsque les portes se ferment, il lève la main vers elle. Le train l'emporte. Il n'est plus là. 

Au café où elles ont rendez-vous, elle arrive toujours la première. Ses ongles sont vernis, assortis à la couleur de son cardigan et ils sont souvent roses. 
Eté comme hiver, elle ne porte jamais de pantalons et ses chaussures ont des talons. 
Elle commande toujours un cappuccino, essuie la moustache de lait qui s'y est déposée et repeint ses lèvres. 
Dans sa bouche, l'amour ressemble à un met exotique. 
C'est bien quand on a quelqu'un à qui penser, hein ? Elle n'attend pas de réponse. En piquant sur sa fourchette une bouchée de son gâteau au chocolat, elle sourit, tranquillement. 

Elle la regarde dans le miroir et se contente de lui dire Faites ce que vous voulez
Elle regarde ses mains et son sourire. Elle regarde les ciseaux lui obéir. 
Elle l'écoute aussi. 
Elle dit qu'elle n'a pas de temps libre, qu'elle n'a le temps de rien mais que ce métier lui plait. Elle dit qu'elle espère que mardi il fera beau car elle n'a qu'un jour de repos. Elle ira à la rivière, profiter des cerisiers en fleurs et rejoindra des amis pour manger de la viande grillée. 
 Sa coiffeuse s'appelle Amour et elle espère qu'un jour, elle aura le temps d'être amoureuse. 

samedi 25 février 2012

il (me) dit :

ESPÈCE 
DE 
FEMME 
JOLIE
!!!

vendredi 24 février 2012

Le cabinet des rêves 59

Je vais chez E. en son absence pour nourrir son chat. 
Il fait très sombre dans l'escalier mais je distingue ses pieds (il est assis dans un fauteuil) et je réalise qu'il n'est pas encore parti. 
J'ouvre malgré tout la porte. 
Le chat s'échappe et je le suis en l'appelant. 
Mais je vois bien qu'il va être difficile de ne pas le perdre de vue et de le rattraper alors qu'il fait si noir. 

Rêve du 9 février 2012

jeudi 23 février 2012

billet doux

Une coulée de sésame noir dans la farine
du gâteau que je te destine
. 
C'est comme faire la cuisine
à l'encre de chine
.

mercredi 22 février 2012

CHOSES DONT JE ME SOUVIENS INUTILEMENT

-Le roman que ma mère offrit à mon beau-frère à la fin des années 80 (1)
-Le récit de son réveillon que fit la jeune fille assise derrière moi dans le bus le 29 décembre 2011
-La date de l'anniversaire des personnes à qui je n'ai plus de raison de le souhaiter (2)
-   (...)   (3)                                                                                                                                                         
(1) Alors que je voudrais bien plutôt me souvenir de celui entre les pages duquel j'ai glissé la photo de son amie.
(2) Etrangement, elles se situent toutes, sans exception, dans les six premiers mois de l'année. 
(3) "L'expression bergsonienne des "mémoires involontaires" sera vouée à l'élasticité du jeu de mots et du jeu de sens. Mémoires et mémoire. Les vieilles mémoires cellulaires, les plus profonds de mes songes. Ces voix qui me parlèrent, s'inscrivent encore en moi." Gabrielle Wittkop. Chaque jour est un arbre qui tombe.

mardi 21 février 2012

Tuesday self portrait (SUPER TUESDAY)


Comme je l'ai appris dans les milliers de magazines féminins que j'ai lus pendant les tournées, les gens, et notamment les femmes, ne voient jamais ce qui est vraiment dans le miroir. De temps en temps, sur un agréable petit nuage de marijuana, j'aimais m'enfoncer dans mon siège grand luxe super rembourré, regarder par la fenêtre et me demander : peut-on voir ce qui nous fait face dans le miroir ? A quel point un miroir peut-il déformer ? N'est-ce pas une plaisanterie terriblement ironique que, de toutes les personnes au monde que l'on a besoin de bien voir, la seule que l'on ne puisse jamais bien voir, c'est soi-même ? N'est-ce pas en fait une tragédie ? Puis, comme je redescendais lentement et que je restais avec ce petit bourdonnement désagréable que donne le hasch de qualité inférieure, la vérité crue surgissait : de toute façon, les gens ne s'aiment jamais. N'est-ce pas la vérité ? Y a-t-il vraiment des gens qui regardent dans le miroir et s'acceptent avec un sourire satisfait ?
Laurie Colwin. Comment se dire adieu ?

lundi 20 février 2012

La nuit remue

  Dans les moments d'inaction qui, parfois, deviennent d'insomnie, 
la nuit abolit les frontières de l'imagination.
Est-ce la vie intestine des canalisations ?
Des conversations de crapauds ?
Ou d'autres animaux ?
Derrière ses apparences citadines, ma vie est exotique.

dimanche 19 février 2012

La vie voyageuse (en Yamanote)

 La ligne Yamanote (山手線) est une ligne ferroviaire circulaire qui délimite officieusement le centre de Tokyo. Elle comporte 29 stations et le temps de parcours total est d'environ une heure. Ses trains sont de couleur acier avec des bandes vertes. Chaque jour, une moyenne de 3,55 millions de passagers empruntent la ligne Yamanote. Les trains circulent de 4h30 du matin à 1h20 avec une cadence d'un train toutes les deux minutes aux heures de pointes. Une boucle complète nécessite entre 58 et 59 minutes.

GOTANDA
Ajoutées les unes aux autres, elles finissent par former un collier terne et monotone, ces journées atones qu'on vit sans y prendre garde. 

Dans la voiture 7, elle ne peut plus bouger. Des cheveux effleurent son visage, elle peut à peine respirer. 
A chaque gare, ils sont toujours plus nombreux encore, plus serrés encore, écrasés les uns contre les autres. 

Et pourtant, elle ne leur en veut pas, elle n'en veut pas à ceux qui retardent les trains, elle ne leur en veut pas de se jeter sur la voie un lundi matin, de ne plus avoir le courage d'attendre le soir pour savoir si quelque chose d'autre peut advenir. 

Sur le quai numéro 2, ils sont quelques centaines à se diriger en file vers la sortie. Et on pourrait croire à un cortège funéraire.

Ce lundi est gris et sans espoir particulier mais, pour ne pas oublier le suicidé de la matinée, elle se promet de ne rien vivre par inadvertance.

samedi 18 février 2012

il dit :

Y a deux choses.
1 : peut-être. Il me faut le temps de réfléchir.
2 : j'ai peur de me faire mal.


vendredi 17 février 2012

Le cabinet des rêves 58

Je marche dans la rue à Hiroshima. 
Certaines des personnes que je croise m'apparaissent en blanc, un peu comme des fantômes et je finis par comprendre qu'elles ont cette apparence quand elles sont irradiées. 
J'arrive dans une cour pavée où des chevaux morts sont entassés et où d'autres, vivants, sont menés par une femme assez brusque. 
Je sors mon iPod avec l'intention de prendre une photo (?). 
Un des chevaux se précipite sur moi et veut l'attraper, comme s'il s'agissait d'un fruit ou de quelque chose d'autre, bon à manger. 
Je tente de lui dérober, me tourne vers la femme pour qu'elle intervienne. 
Comme elle ne se presse pas et qu'elle semble penser que je suis responsable de la situation, j'accentue l'expression de ma peur -qui n'est pas feinte- et mes protestations d'innocence : je n'ai pas provoqué l'animal, j'ai juste sorti mon iPod qui est rouge. 

Rêve du 12 février 2012

jeudi 16 février 2012

L'ESPÉRANCE DE VIE


Face à moi, le vieil homme mangeait. 

Il est de ceux qui portent une cravate sous leur pull à col en V. Et plient méticuleusement leur manteau qu'ils posent sur la chaise vide, de l'autre côté de la table. 
Il est de ceux dont on remarque l'alliance, de ceux qui, malgré leurs efforts pour contrôler leurs gestes, ne mangent pas sans avoir quelques brins de crudités collés à leur menton. 
Il est de ceux qui ont rendez-vous chez le coiffeur à date fixe pour maintenir toujours impeccable leur chevelure blanche et ondulée. 
Il est de ceux qui n'aiment pas boire leur soupe dans un bol car, à le voir secouer la salière, on pouvait en conclure que sa tasse n'était pas emplie de café.

mercredi 15 février 2012

BLEU  (comme toi)

La circulation est interrompue sur l'autoroute du Kanto à cause d'un accident. La voie est coupée entre Narita et Toyori à cause d'une collision entre deux véhicules qui s'est produite à 15 heures 40. On signale un embouteillage à hauteur de la sortie Yokohama sur l'autoroute Tomeï. Circulation fluide sur l'autoroute Chuo. Sur les voies rapides de la capitale, on signale un embouteillage lié à un accident impliquant cinq véhicules sur le périphérique 3 intérieur entre Tanimachi et Yoga. Les opérations de secours et de nettoyage risquant de prendre encore un peu de temps, le bouchon risque de remonter jusqu'à la hauteur de l'intersection avec l'autoroute Tomeï à Kawasaki. Sur les autres grands axes, périphériques intérieurs et extérieurs, les conditions de circulation ont tendance à se détériorer mais on ne signale pas à 18 heures de fermetures d'entrées. Ce bulletin vous a été présenté par Kinami du centre d'information routière. Pour l'achat d'un téléphone numérique, vous gagnez un juke-box lumineux fort élégant. Douce lumière et musique, voilà qui devrait donner un charme supplémentaire à vos soirées en amoureux. 
Murakami Ryû. Love & Pop.

mardi 14 février 2012

Tuesday self portrait (seulalone)


La solitude est ma condition.
 Sans solitude je ne suis pas.
Carlos Liscano. L'écrivain et l'autre.  

lundi 13 février 2012

Please prove you're not a robot


Alors nous avons réinventé le travail
Réinventé les mots du thé 
Réinventé la vie
aussi
Une vie à la Paul Klee

dimanche 12 février 2012

La vie voyageuse (en Yamanote)

 La ligne Yamanote (山手線) est une ligne ferroviaire circulaire qui délimite officieusement le centre de Tokyo. Elle comporte 29 stations et le temps de parcours total est d'environ une heure. Ses trains sont de couleur acier avec des bandes vertes. Chaque jour, une moyenne de 3,55 millions de passagers empruntent la ligne Yamanote. Les trains circulent de 4h30 du matin à 1h20 avec une cadence d'un train toutes les deux minutes aux heures de pointes. Une boucle complète nécessite entre 58 et 59 minutes.

OSAKI
Le matin, réveillée tôt par la lumière du jour, elle sort marcher. 

Elle n'est jamais ni la première ni la seule dans les rues. Mais comment saisir l'instant du réveil d'une ville qui ne dort jamais tout à fait ?

Elle croise les petits chiens et leurs maîtres à l'heure de la première promenade, les corbeaux arrogants que sa présence n'empêche pas de dévaster les poubelles, les chats peu bavards, les ouvriers assis près du distributeur. Elle dépasse le square que les vieilles personnes balaient avec soin avant leur quotidienne partie de croquet ainsi que l'homme qui, devant chez lui, arrose ses fleurs et ses bonzais. 

Elle tourne à gauche, évite les impasses, invente un nouveau parcours. 

Elles se comptent par milliers, ces ruelles minuscules qui font de Tokyo un immense village fleuri. Qui peut être sûr d'en avoir épuisé les possibilités ?

Elle connaît l'adresse du marchand de tofu sur le chemin du cimetière de Komagome et les horaires de promenade de la tortue domestique le long de la rivière. Elle a déjà bu un thé glacé dans la minuscule galerie de Yanaka, elle s'arrête parfois dans les squares que l'effervescence de la ville, tout autour, indiffère. Elle sait chez quel marchand de riz trouver les meilleurs onigiris... 

A la question Connaissez-vous bien Tokyo ?, elle répondrait sans doute Oui
Et, pourtant, jamais encore elle n'est descendue à la gare d'Osaki.

samedi 11 février 2012

il dit :

 demain c'est 
chicon

vendredi 10 février 2012

Le cabinet des rêves 57

J'ai lu, ou bien on m'a raconté, qu'un livre paru au XVIIè siècle, sur le savoir-vivre, enjoint, dans son premier chapitre, aux gens bien élevés de ne jamais répéter leurs rêves à leur entourage, car ils ne sauraient intéresser personne. Je ne songe nullement à m'élever contre les bonnes manières du XVIIè siècle, et je ne vais pas m'amuser à décrire un seul de mes rêves.
Karen Blixen. Ombres sur la prairie.
Avec E., nous sommes dans une petite voiture de golf à deux places grâce à laquelle nous visitons la ville. 
T., en costume, court à côté de la voiture pour commenter ce que nous voyons et, derrière nous, deux caméramans filment. 
Lorsque nous avons terminé la visite, je cherche en vain mon sac que j'avais suspendu à l'arrière du siège de la voiture et que je crois avoir perdu. Puis, je le retrouve. 
Un des deux hommes qui a filmé s'approche de moi et colle sur ma manche une petit bout de papier avec son numéro de téléphone sans rien me dire. 
Ça m'amuse mais pas un instant je n'envisage d'en faire le moindre usage.

Rêve du 9 février 2012

jeudi 9 février 2012

LE TEMPS RETROUVÉ

CHAPITRE 3 : L'INVENTION DU GARçON
Car
avant
il y avait 
vraiment 
beaucoup
beaucoup 
de filles.

mercredi 8 février 2012

mardi 7 février 2012

Tuesday self portrait (si ordinaire)

Je le lui ai dit souvent : une femme ne doit pas aller au café ! Qui veut approcher une femme doit être obligé de monter des escaliers, de sonner à sa porte, le coeur battant; d'accepter qu'elle ne soit pas chez elle, d'être venu pour rien, pour enfin seulement, lorsqu'il redescend les escaliers, s'apercevoir qu'il commence à l'aimer. Tandis qu'une femme que l'on peut aborder au café aussi souvent que l'on en a envie, aussi facilement que l'on trouve tel ou tel journal au kiosque, cette femme se déprécie, devient trop ordinaire.
Leo Perutz. Le tour du cadran.

lundi 6 février 2012

CHOSES QUE JE N'AI JAMAIS FAITES

-sauter en parachute (1)
-accoucher (1)
(1)
-déclarer des sentiments sans être sûre qu'ils soient partagés (2)

(1) Là, je dis fontaine.
(2) Et tard, bien plus tard, quand il fut temps d'en plaisanter, quand le garçon me fut depuis longtemps devenu aussi indifférent qu'il était devenu adulte, j'eus à m'en féliciter : quand il apprit mes si lointains sentiments, je vis bien que son incrédulité était seulement amusée et aucunement teintée de regrets de ne rien avoir, à l'époque, deviné.

dimanche 5 février 2012

La vie voyageuse (en Yamanote)

 La ligne Yamanote (山手線) est une ligne ferroviaire circulaire qui délimite officieusement le centre de Tokyo. Elle comporte 29 stations et le temps de parcours total est d'environ une heure. Ses trains sont de couleur acier avec des bandes vertes. Chaque jour, une moyenne de 3,55 millions de passagers empruntent la ligne Yamanote. Les trains circulent de 4h30 du matin à 1h20 avec une cadence d'un train toutes les deux minutes aux heures de pointes. Une boucle complète nécessite entre 58 et 59 minutes.

SHINAGAWA


Le nombre d'habitants n'exclue pas le hasard et dans le matin sec de l'hiver, sur le trottoir encore calme de Shinjuku, elle n'est pas si surprise d'entendre son prénom. 
Devant le studio Alta, ils déroulent la dizaine de mois qui les a séparés, elle ne les trouve pas changés. 

Ils disent la maison dans le sud, les cours de tennis du garçon, les surprises de la nouvelle année scolaire, l'abandon de la télévision. 
Ils échangent des nouvelles de l'amie : son histoire d'amour, son récent voyage en Chine, son prochain livre. 
Et de l'ami : son histoire d'amour, son récent voyage au Cambodge, son travail. 

Cette rencontre, c'est son passé qui défile, cette année-là où tout était découverte, tout était pour la première fois, où ils lui expliquaient ce que de la langue, de la vie, elle ne comprenait pas. 
Ensemble, ils ont pêché dans une forêt rougie par l'automne. Ils sont allés au temple, célébrer l'année nouvelle. Ils ont mangé les sushis qu'elle a appris à cuisiner. Ils ont pris des voies rapides et suspendues la nuit. Ils ont acheté du poisson au marché. 

Ils demandent Et toi, et après et pour combien de temps ?
Mais quelqu'un sait-il répondre avec aplomb à ces questions ?
L'avenir n'est-il pas incertain pour chacun ?

Ils doivent y aller : ils ont rendez-vous dans un restaurant de tempura. 
Elle aussi est pressée. La deuxième rencontre de la journée ne sera pas fortuite. Sur son agenda, elle a noté : 11H30 Shinagawa. 

Malgré toutes ses incertitudes, elle a le sentiment de savoir où elle va, le sentiment de tracer droit.

samedi 4 février 2012

il dit :

non non non
tu dois faire 16 fois 11 fois 11
tu vois
?
11x11x11x11x11x11x11...

vendredi 3 février 2012

Le cabinet des rêves 56

D.M. et son copain sont chez moi, font mine de s'y installer, aussi à l'aise que chez eux, y compris en se mettant à fumer. 
Je les chasse très brutalement, eux et quelques autres.
Il y a beaucoup d'autres personnes dans beaucoup d'autres pièces de mon appartement mais elles me dérangent moins.
Quelqu'un vient m'informer que, en guise de représailles, les gens que j'ai mis dehors se comportent mal dans l'escalier : ils importunent les voisins et font "des saloperies". 
J'imagine trouver du vomi ou des excréments mais non : uniquement des assiettes en carton emplies de morceaux de pain, posées sur les marches.

Rêve du 28 janvier 2012

jeudi 2 février 2012

chéri,


en entrant dans la salle de bain,
j'ai vu nos brosses à dents.

Elles s'embrassaient


mercredi 1 février 2012

Précis de topographie 100

 La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue. La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.
Si je ne l'avais jamais rencontré, j'aurais continué à croire à son existence
-à la sienne, à celle de ses semblables-
comme on croit aux ogres ou aux licornes.

Mais je le voyais
-c'était l'été, souvent-
il n'aimait pas tellement la mer, le vent, marcher le fatiguait vite.
Mais il profitait de ses vacances
pour oublier un peu ses collègues
-il les aimait bien, pourtant, ses collègues-
et la plante verte dans le couloir de son service.

Je ne sais pas exactement pourquoi je pense à lui
-à lui et ses semblables-
dans le couloir de la bibliothèque royale.

J'essayais d'imaginer : le bureau
-toujours le même bureau-
et lui, vieillissant et le papier peint, s'usant.
Le même service, toute la vie toute la vie
et, à la fin, la médaille du travail.


Je ne sais pas exactement pourquoi je pense à lui
-à lui et ses semblables-
dans le couloir de la bibliothèque royale
mais j'imagine que, parmi ceux que je vois penchés sur leur bureau
et, à dix heures, prenant leur pause à la cafétéria,
il y en a un
il y en a une
qui dit
qui dira,
la veille de sa retraite
Toute ma vie, je l'ai passée là, dans
la salle CARTES ET PLANS