jeudi 31 mai 2012

L' antidote

Horaires

Mardi : 12h-17h
Mercredi : 14h-19h
Jeudi : 14h-17h
Vendredi : 14h-17h
Samedi : 9h-13h
Chacun des volumes porte sa date de lecture, comme un balisage. Comme s'il avait voulu que ce chemin qu'on n'avait pas fait en sa compagnie, plus tard on le refasse, que l'on retrouve l'histoire de cette lecture, ses lieux, ses paysages, cette interrogation qui le menait parmi ces flots de pages, aussi tenace que la ténacité de celui qui les avait écrites, et qui le rendait étranger à son propre entourage.
 Danielle Bassez.Ecrits dans les marges. De la pratique du gribouillage comme art gourmand de la lecture.
et, page 31, ajouté au crayon : 
Ecrit dans les marges pour toi
c'est pour ça que je te l'offre
-pour te parler entre marge et eau

mercredi 30 mai 2012

L'obsolescence de l'académie

Etait-ce réellement de la viande panée ????
(Cela reste une supposition)
Que ma voisine en découpe un morceau après avoir avalé une grosse bouchée de spaghettis dont j'aurais pu jurer qu'ils étaient en plastique a fait vaciller certaines de mes certitudes.
La connaissance que je croyais avoir de la définition du mot
comestible
(par exemple)

mardi 29 mai 2012

Tuesday self portrait

"On ne tient pas les livres comme on tient la main de sa fiancée. Tu saisis ?"
Gonçalo M.Tavares. Apprendre à prier à l'ère de la technique


lundi 28 mai 2012

Enfant sans enfants

Dans notre famille, la tradition veut que l'on use de ses plus grands pouvoirs émotionnels à l'occasion des héritages. Les histoires et les légendes concernant quelque étrange attachement à un objet -une soupière, un chiffonnier- semblent se réduire à la texture de l'objet lui-même, l'éclat de la porcelaine ou le vernis du bois, et engendrer le sentiment de frustration que, pour ma part, j'éprouve lorsque j'écoute du clavecin. 
John Cheever. La commode in L'ange sur le toit.
Et à la fin il a dit Tu sais, j'ai encore ton sac plein de têtes.
Et il a évoqué, aussi, un autre carton, empli.
Or, de ces visages de celluloïd, de ces corps en peluche ou en laine qui ont accompagné mon enfance, je me souviens à peine des prénoms
et, encore moins bien sûr, de la raison de ces prénoms.
Et, depuis que je ne crois plus qu'ils sont en vie, ils sont redevenus des objets.
Et moi, les objets...

dimanche 27 mai 2012

Le jour des extincteurs

Et c'est toujours la même question.
Qu'est-ce qui nous rend globe-trotters ou sédentaires, 
Uniques propriétaires ou éternels colocataires... 
Plutôt que de résoudre l'impossible équation,
Nous avons parlé -dans la rue familière-
De gazon, de la Reine Fabiola, de jumelles se roulant par terre, 
De macramé, de plantes qui meurent, des longs week end à la mer, 
Et d'accouchements particuliers
L'un en voiture, l'autre sur un palier.(1)
(1)Je suis véritablement effrayée par tout ce qui a trait aux accouchements; l'autre jour, je suis allée voir une toute jeune femme indigène  au très joli visage que l'on emmenait dans la "salle de travail", -son bébé devait arriver dans moins d'une demi-heure; c'est tout ce qu'il y a de plus naturel, en un certain sens, mais il me semble que c'est une façon bien cruelle de mettre les enfants au monde et j'aimerais bien que l'on puisse en trouver une autre, ce serait quand même bien plus agréable si l'on pouvait couver des oeufs... 
Karen Blixen. Lettres africaines

samedi 26 mai 2012

il dit :

Tu savais qu'il y a même des chapelles Maradona 
?
Les gens se marient là-bas avec des ballons et tout 
!

vendredi 25 mai 2012

Le cabinet des rêves 72

Je vois une forme ramper sous la moquette et je sais qu'il s'agit d'une souris. 
Je lâche, alors, un chat. Un jeune chaton dont, ensuite, je me débarrasse en le lançant loin par la fenêtre. 
Je suis, cependant, soulagée en le voyant bouger, au loin, me demandant brièvement s'il est sevré et s'il peut survivre. 

Rêve du 10 mai 2012

jeudi 24 mai 2012

mon 
amour,

ta voix me manque
Tout recommence. Espérons qu'il n'y a qu'une vie et que cette vie est éternelle ! Il n'y a que la vie, c'est mieux dit. Et avec ça je vous serre la main. 
A la bonheur ! 
Henry Miller

Blaise Cendrars. Henry Miller. Correspondance. 1943-1979 : 45 ans d'amitié

mercredi 23 mai 2012

L'absence

Peut-être, quoi que j'en pense, réussir à parler ainsi qu'elle le faisait 
-aussi longtemps, à l'aide d'un vocabulaire simple et dans une langue presque identique à la mienne sans, cependant, que s'en échappe, à aucun moment, la moindre signification-
était une forme de talent.

Après tout, je n'avais pas l'obligation de l'écouter et, d'ailleurs, je cessai rapidement de le faire. 

Son regard était fixé sur un point qui n'était pas moi qui, pourtant, lui faisais face.
J'aurais pu, tout aussi bien, ne pas être là. 
J'aurais pu la croire aveugle. 

En réalité, si j'avais pu identifier un quelconque raisonnement, j'aurais pensé que son absence apparente était, en fait, le reflet d'une intense concentration, d'une profonde plongée en elle-même afin d'y trouver les mots les plus fidèles à l'expression de sa réflexion. 

J'avais cessé de l'écouter, donc. 
Or non : puisque je l'entendis parfaitement prononcer le nom du pays d'où elle venait et, aussitôt, je ne pus m'empêcher de me demander ce que ses yeux avaient vu, il y a dix-huit ans : 
les marais ? 
les machettes ?

mardi 22 mai 2012

Tuesday self portrait (inaperçue)

Et j'ai eu l'impression
soudain
de reconnaître la vision que j'aurais de moi
si je me croisais dans la rue.
-C'est vrai, dit Dodo d'un air songeur. Sans des traits bien marqués, vous êtes affreusement quotidienne -radieuse un soir faste et, sans raison apparente, pareille à l'arrière d'un autobus le lendemain ! 
Francis Wyndham. L'autre jardin

lundi 21 mai 2012

Les cartes de nos vies



5 heures      de
soleil
de
terrasse
d'
amitié
(à la fin
on aurait pu
tout aussi bien
se rasseoir à cette autre terrasse
 qui faisait le coin
 et continuer à parler
 tout le reste de la journée)

Lui prenant le livre des mains, je lui dis que je le lirais le lendemain pendant qu'elle passerait son examen, pour m'occuper, et je me mis à le feuilleter. Elle avait souligné en noir de nombreux passages de la première partie, "les causes du malheur", et avait ajouté ça et là des notes, comme "Ha ha ha ha", mais la seconde partie, "les causes du bonheur", semblait n'avoir jamais été ouverte.
-Je voudrais bien avoir ce livre, dis-je.
-Tu n'auras qu'à l'acheter demain.
-Non, je veux le tien. 
-Pourquoi ?
-Parce qu'il est plein de rires, c'est ce qui me plait."
Yu Miri. Poissons nageant contre les pierres.

dimanche 20 mai 2012

l'homme 
senti
mental

C'était un soir d'octobre et nous étions descendus manger -lui un curry, moi un poisson grillé- dans cette chaîne un peu chic du bas de la rue où les plats refroidissaient toujours trop vite. 
Installés au comptoir, surplombant la rue, nous avions remarqué pour la première fois qu'il y avait un café, de l'autre côté de l'avenue, au bord de l'eau.(1)

Et bien avant sa dernière bouchée, il avait dit Tiens ! Il faudra qu'on y aille, à l'occasion ! Avant d'ajouter Et, d'ailleurs, pourquoi pas ce soir ? Et sa proposition avait sonné comme un vrai projet. Une aventure, même.
Les journées d'octobre étaient douces et nos bras souvent dénudés quand nous faisions du vélo. 
Mais les soirées étaient plus propices aux chocolats chauds qu'aux thés glacés.
Je m'étais brûlé les lèvres contre le couvercle du gobelet et j'avais resserré le plaid autour de mes jambes en lui demandant de me prendre en photo.(2)

C'est ainsi que le Canal Café était entré dans notre vie. 
Et que, même après, il était resté dans nos vies.

Et c'est là que je m'étais installée avec les pages qu'il m'avait confiées et je les avais lues sans discontinuer et j'en avais corné quelques unes afin de recopier ensuite les mots qui m'avaient touchée.(3)
"Au fond j'ai toujours été un sentimental" : mots écrits à la dernière page d'un carnet de mon ami.
Jeudi, c'est sur une autre terrasse que j'ai relu les pages. Et j'en ai corné, encore, quelques unes. 
Peut-être les mêmes.

Je relirai le livre, un autre jour, une autre année, dans un autre lieu. Je le revisiterai et ce sera un peu me rendre visite, aussi.

"208- Nous sommes possédés par des textes, lus, entendus ou racontés. Nous les possédons malgré nous et ils ressortent à un moment ou à un autre, souvent, très souvent quand nous nous y attendons le moins."

(1) Et jusqu'à la veille de mon départ, j'ai continué à éprouver, comme ce soir-là, l'impression d'être passée cent fois devant des lieux sans jamais les voir -sans toutefois négliger de me souvenir de tous ceux, bien cachés, que j'étais parvenue à débusquer.

(2) Si le cliché a disparu comme tant d'autres, je me souviens que j'y avais les yeux rouges. 

(3)"On pourrait composer un poème uniquement avec ces annotations glanées à droite, à gauche, au hasard des lectures, des livres ouverts. Comme un texte dans le texte, en marge du texte."

Toutes les citations sont extraites de L'ABC DU GOTHIQUE de Emmanuel Régniez. Disponible sur le site du Quartanier ainsi que dans les habituelles librairies en ligne.

samedi 19 mai 2012

il dit :

-J'suis à demi Grec, moi
!!! 
-Ah ouais ? Et t'as combien de demi 
???

vendredi 18 mai 2012

Le cabinet des rêves 71

"190- La vie du sommeil est bien plus solennelle que l'autre."
Emmanuel Régniez. L'abc du gothique.
Plusieurs personnes dorment chez moi, dont C.
A leur réveil, j'annonce que c'est mon anniversaire et je m'attends à des souhaits ou, dans tous les cas, une quelconque démonstration. 
Mais non. 
Pire : dans la chambre de C. après son départ, je constate qu'il a laissé un réchaud à gaz et deux petites bombonnes vides ainsi qu'un paquet de purée Mousseline entamé. 
Comprenant ainsi qu'il n'a pas eu suffisamment à manger avec ce que je lui avais donné et qu'il estimait sans doute me faire un cadeau en laissant cela chez moi, je me sens blessée. 

Rêve du 10 mai 2012

jeudi 17 mai 2012

changer sa vie

ça peut être choisir une destination
,
regarder les annonces de location
 mais aussi : 
modifier mon trajet
pour être sûre de croiser
le musicien matinal qui me sourit.

mercredi 16 mai 2012

Ne pas y retourner

De ces voyages, je me souviens que je me préparais à leur longueur comme à un test d'endurance. 
Je me souviens que nous mettions à l'épreuve le sens pratique de mon père qui devait faire entrer dans le coffre nos bagages ainsi que sa patience car j'étais souvent la seule à être prête à l'heure qu'il avait désignée comme étant celle du départ. 

Autant notre transhumance estivale nous menait vers le soleil, vers la lumière, vers le bleu, par une route qu'il suffisait de suivre tout du long pour être arrivé et aux bords desquels se succédaient marchés odorants, villes vieilles, riantes et chatoyantes, stands nomades de melons... autant ces voyages-là étaient des plongées en apnée dont seule la destination finale nous importait. 

Les routes étaient souvent départementales et leurs numéros se succédaient dans la monotonie de leurs bas-côtés meubles et la traversée de villages anonymes. 
La seule ville mémorable marquait la presque moitié de la distance et j'avais hâte non pas d'y être mais de vite la quitter afin que se rapproche la fin du trajet. 

Comment, enfant, ai-je pu mesurer la différence entre la ville de province à proximité de laquelle j'habitais et celle-ci au nom qui me semblait inachevé et où, dès mon jeune âge et d'emblée, la vie me semblait mortelle ?

L'été, les rues se paraient de fanions colorés dont l'effort pour nous convaincre que le ciel était bleu était d'autant plus pathétique qu'il était vain. 

Pas plus que le mettre en mot, je n'aurais su me libérer du sentiment qui m'étreignait le coeur, le rendait aussi lourd que la terre des champs environnants. 
Et maintenant encore, si j'y repense...
Je découvre que Provins n'est pas l'unique bout du monde. Ailleurs aussi, la terre a parfois l'apparence d'une terre des morts, ne tolérant les vivants que pour entretenir leur mémoire.
Dominique Ané. Y revenir.

mardi 15 mai 2012

Tuesday self portrait (les lois de l'élégance)

"Si vous voulez vraiment être harmonieuse, vous ne devez pas vous habiller des pieds à la tête avec deux seules couleurs. C'est trop systématique. Les lois de l'élégance veulent que vous rompiez ce rythme d'une troisième couleur.
 Votre détail, ce sera justement ça : l'art de choisir la troisième couleur. Elle peut être simple ruban dans les cheveux, ceinture, pochette et même fleur, bonnet, gant, ou simplement maquillage. Vous pouvez aussi tricher et considérer la couleur de vos cheveux comme troisième couleur. Cette troisième "grâce" peut être aussi bijou. 
C'est ici, en somme, que l'on vous reconnaîtra."
Le guide marabout de la femme.

lundi 14 mai 2012

"Je n'ai pas de jardin mais j'ai plusieurs tiroirs"*

quant à moi
j'ai remarqué
que ma capacité
à me déposséder
augmentait
ma capacité
à respirer
*Jean-Pierre Ostende. La présence.
 Les objets nous aident à évaluer le déroulement de notre existence. Ils nous servent à définir notre personnalité, disent qui nous sommes et qui nous ne sommes pas. Ce rôle sera parfois endossé par un bijou, d'autres fois par le mobilier de notre habitation ou par les biens dont nous ne nous séparons jamais, ou encore par nos vêtements. 
(...)
Jeter un objet -même inutile- sur lequel je ne pose pas les yeux plus d'une fois par an serait aussi douloureux que de me séparer d'une part de ma vie. Mais garder cet objet sans l'utiliser me procure un sentiment semblable au reproche silencieux murmuré à notre oreille à chaque fois que nous ouvrons un placard plein de vaisselle. Ce même reproche, le mur couvert de livres qu'on n'a pas encore lus nous le renvoie en écho. Une fois qu'on en a fini avec eux, ils nous demandent, d'abord tout bas, puis avec de plus en plus d'insistance : prendras-tu un jour le temps de nous relire ?
Deyan Sdjic. Le langage des objets

dimanche 13 mai 2012

"Que mon père soit mort, je le comprends, mais pourquoi il ne vient pas à la maison pour le dîner, je ne puis me l'expliquer."*

*Sigmund Freud. L'interprétation du rêve.
Je ne peux pas me souvenir 
de la première fois
 où je l'ai vu. 
Seulement de la dernière. 

Et il était mon premier mort.

samedi 12 mai 2012

il (me) dit :

Avec des SI et 
des RAIT
on n'arrive jamais 
à rien, 
n'est-ce pas, Gwendoline 
?!?!?!

vendredi 11 mai 2012

Le cabinet des rêves 70

A quoi rime le goût des lieux perdus ?
Photographies de Marina Pierard et Bérangère Zambaldi à la Maison du livre de St Gilles
Je suis dans une petite tente sur le quai d'une gare. 
Sur le quai voisin, il y a une autre tente (à l'intérieur de laquelle je peux, voir, par l'intermédiaire d'une petite fenêtre) dans laquelle il y a P. et son ami.
Je comprends qu'ils sont là en attendant le départ de leur train : ils partent en voyage en Asie. 
Alors que P. est sortie de la tente, je dis assez fort Bonjour P. ! 
Je montre ainsi que je l'ai reconnue, alors qu'on ne s'est jamais rencontrées. 
Comme elle s'éloigne sur le quai sans me prêter attention, je réitère mon salut et elle s'éloigne encore davantage. 
Je comprends alors que ce n'est pas parce qu'elle ne m'a pas entendue mais parce qu'elle ne souhaite pas être abordée. 
Et elle le confirme : elle n'a pas le temps de me parler, elle et son ami ayant encore tant de choses à préparer. 
Je suis mortifiée. Plus parce que je n'ai pas compris plus tôt qu'il ne fallait pas la déranger que parce qu'elle n'a pas l'air de vouloir me parler. 

Plus tard, elle me tend, par-dessus la voie ferrée qui nous sépare, une robe qu'elle m'offre en me demandant de l'excuser de n'avoir que ça à me donner
J'hésite à accepter : c'est une robe large et longue et je pense (ou je dis ?) qu'elle va me faire ressembler à un sac informe. 
De plus, je vois bien que P. ne me l'offre que pour soulager son sentiment de culpabilité et un cadeau offert dans ces circonstances ne peut pas me faire plaisir.

Rêve du 8 mai 2012

jeudi 10 mai 2012

La vie en rose

A la fin, quand j'ai eu fini de vider la machine, il est resté une petite chaussette rose
-de la taille du pied d'un enfant de cinq ou six ans-
qui avait fait un tour de manège supplémentaire
-en douce-
en compagnie de mon linge.
Il commençait de dépouiller l'agneau, poussant très loin son poing entre la peau et la chair avec la force têtue d'un serpent à la tête trop ronde ou bien, vers le ventre, à l'endroit "où ça se faisait bien", à la façon du chat qui insinue sa tête par l'ouverture de la chemise sous l'aisselle d'un homme. Puis il rabattait toute la peau vers lui et j'apprenais que les bêtes habitent dans un gant. 
Pierre Gascar. La vie écarlate in Les Bêtes suivi de Le Temps des Morts.

mercredi 9 mai 2012

Signe apparent de sentiments

Pendant mes voyages souterrains, je regarde leurs mains.
D'abord leurs yeux -la couleur qu'elles y ont mise, le matin.
Mais leurs mains, sur leurs genoux, sur la barre, posées.
J'y devine leur âge et parfois leur métier.
J'y vois aussi ces pierres, ces métaux précieux.
Ces souvenirs d'un jour heureux.
Leur manière d'affirmer : Je suis aimée.
Il n'y a pas de vacances à l'amour, dit-il, ça n'existe pas. L'amour, il faut le vivre complètement avec son ennui et tout, il n'y a pas de vacances possibles à ça. 
Il parlait sans la regarder, face au fleuve. 
-Et c'est ça l'amour. S'y soustraire, on ne peut pas. Comme à la vie, avec sa beauté, sa merde et son ennui. 
Marguerite Duras. Les petits chevaux de Tarquinia.

mardi 8 mai 2012

Tuesday self portrait (l'objectivité)


"J'allais
regarder
 l'objectif
en
 face."
Hitonari Tsuji. Objectif.

lundi 7 mai 2012

"Oui : des oeufs. C'est ça qui serait chouette. Légers. Et baveux. Voilà. Des oeufs."*

Je passe environ vingt heures par semaine à développer des photos de gratins de pomme de terre, de cervelas chaudement fumants et de pâtés délicieux. J'apprends un tas d'astuces spéciales. Sais-tu par exemple comment on prend en photo le portrait le plus délicieux d'une tasse de café ? On remplit la tasse de sauce soja et on y ajoute quelques gouttes écumantes d'un produit vaisselle. Ainsi, on évite la couche moche qui se forme d'habitude sur la surface du café ! Des méthodes comme celle-ci réaniment ma fascination pour la magie de la photographie. Quelle autre expression a une relation aussi privilégiée envers la réalité qu'elle est capable d'augmenter ton envie de boire un café à la vue d'une tasse de sauce soja ?
Jonas Hassen Khemiri. Montecore, un tigre unique.
*Richard Brautigan. Retombées de sombrero.

dimanche 6 mai 2012

Le parfum quotidien

il m'a semblé que le pain frais ne parfumait pas que mon sac :
me parfumait moi. 
Et j'ai imaginé, posé sur ma coiffeuse
-ou sur la table du petit déjeuner-
un flacon aux formes pures
empli de la fragrance
pain beurré
pour tous les matins de la vie.

samedi 5 mai 2012

il (me) dit :

vous voulez un coup d'main 
??????????????????????????????????????????????
vous êtes sûre
??????????????????????
parce que vous avez l'air si frêle 
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

vendredi 4 mai 2012

Le cabinet des rêves 69

Les rêves ne signifient pas grand chose, tu as raison. Ils n'ont pas la force de modeler l'existence, ils ne se répercutent pas réellement sur la vie -tout au moins ils influencent rarement l'existence diurne, sauf quelquefois, dans les sciences, dans les arts ou la littérature. Mais la plupart du temps, c'est vrai, les rêves sont confus et n'ont guère de sens. 
Sandor Marai. Divorce à Buda.
J'ouvre une valise dans laquelle sont rangés mes vêtements d'été. 
Je reconnais à peine ce que j'y trouve comme si ça faisait très longtemps que je ne les avais pas portés mais ça me fait plaisir de les retrouver parce qu'ils me plaisent encore. 
Il y a, notamment, un tee shirt aux manches à fleurs et un gilet en coton qui irait bien avec car tous deux sont dans les tons orange et rose. 
Je les porterais volontiers dès le lendemain mais j'hésite : fait-il assez chaud ?
Et, si je porte le gilet par-dessus le tee shirt, le motif des manches ne sera pas visible et ce sera dommage. 

Rêve du 21 avril 2012

jeudi 3 mai 2012

ma bien pensance

j'ai pensé

Très vieille quand elle a penché vers moi son visage ridé, me demandant si la place était libre.

Gourmande quand elle a fermé les yeux, profitant de la chaleur du soleil.

Déraisonnable quand elle a allumé une cigarette, protégeant la flamme de ses mains tremblantes.

Mal élevée quand elle a croqué dans son spéculoos, laissant tomber son emballage à terre. 

mercredi 2 mai 2012

"Mai était belle cette année-là"*

*René Nicolas Ehni. 


et
 nous ne 
nous 
manquions 
pas
 (encore)

mardi 1 mai 2012

Tuesday self portrait (genmaicha)

Le thé est une sorte de "drogue" car il fait partie des marchandises qui ne sont pas vitales mais dont on ne peut pas se passer dans la vie, ou qu'on présente comme indispensables. 
Yoko Tawada. Journal des jours tremblants.