Je détestais que les cheveux de la fille devant nous s'étalent sur notre table.
Le garçon à côté de moi, aux fantasmes d'ondines et de plantes faites femmes les contemplait avec admiration et me disait Tu ne peux pas comprendre.
Et il avait raison.
Jamais je n'ai pu comprendre les pleurs à la sortie de chez le coiffeur, un centimètre en moins une fois par an.
Jamais je n'ai apprécié que les heures de pointe du métro déposent d'autres cheveux que les miens sur mes épaules.
Jamais je n'ai supporté le geste machinal de rassembler les mèches en pinceau et d'en contempler les fourches tout en parlant.
Je n'ai pas aimé apprendre en nettoyant mon grand appartement que la précédente locataire était brune.
vendredi 30 avril 2010
jeudi 29 avril 2010
C'est jeudi !
Tout a commencé à Tokyo où Madame Gâ et moi, nous nous sommes rencontrées.
Pendant deux ans, nous avons éparpillé nos rendez-vous dans la grande ville, nous avons bu des thés de toutes les couleurs, dévidé le passé et inventé l'avenir dans nos innombrables conversations.
Après son départ, pour surmonter l'absence et la distance, nous avons ouvert une boîte aux lettres commune où nous poursuivons nos discussions...
A présent, la distance est moins grande mais nous continuons à nous écrire.
C'est pourquoi, le jeudi, ce n'est pas rue Linière que j'écris mais dans la boîte aux lettres de nos jeudis.
N'hésitez pas à cliquer pour y lire notre correspondance (et c'est souvent l'occasion de voir les bouleversantes illustrations de Madame Gâ )...
Pendant deux ans, nous avons éparpillé nos rendez-vous dans la grande ville, nous avons bu des thés de toutes les couleurs, dévidé le passé et inventé l'avenir dans nos innombrables conversations.
Après son départ, pour surmonter l'absence et la distance, nous avons ouvert une boîte aux lettres commune où nous poursuivons nos discussions...
A présent, la distance est moins grande mais nous continuons à nous écrire.
C'est pourquoi, le jeudi, ce n'est pas rue Linière que j'écris mais dans la boîte aux lettres de nos jeudis.
N'hésitez pas à cliquer pour y lire notre correspondance (et c'est souvent l'occasion de voir les bouleversantes illustrations de Madame Gâ )...
mercredi 28 avril 2010
Précis de topographie 8
La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue.
La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.
Tu verras, en débouchant sur l'avenue Fonsny, que rien n'a vraiment changé, les travaux sont toujours en cours.
Tu te rappelles qu'il faut prendre la rue d'Angleterre ???
Tu sais : à gauche, la cantine qu'on n'a jamais vue ouverte et, à droite, le bâtiment dont l'enseigne est écrite en braille.
Tu montes jusqu'à la porte de Hal que tu contournes en passant devant le restaurant Léonor et la friterie Fontainas.
Ensuite, tu peux passer par l'avenue Jean Volders, t'arrêter pour voir les livres en vitrine des Yeux gourmands et longer le parvis et ses terrasses joyeuses du début de la nuit.
Ou bien tu passes par la rue de la victoire dans laquelle il y a moins de vitrines à regarder. Celle de Be wash est rarement inspirante. A la pharmacie, tu tournes à gauche.
Ça va aller ?
Sinon, le plus simple c'est tout de même que j'aille t'attendre sur le quai.
Tu verras, en débouchant sur l'avenue Fonsny, que rien n'a vraiment changé, les travaux sont toujours en cours.
Tu te rappelles qu'il faut prendre la rue d'Angleterre ???
Tu sais : à gauche, la cantine qu'on n'a jamais vue ouverte et, à droite, le bâtiment dont l'enseigne est écrite en braille.
Tu montes jusqu'à la porte de Hal que tu contournes en passant devant le restaurant Léonor et la friterie Fontainas.
Ensuite, tu peux passer par l'avenue Jean Volders, t'arrêter pour voir les livres en vitrine des Yeux gourmands et longer le parvis et ses terrasses joyeuses du début de la nuit.
Ou bien tu passes par la rue de la victoire dans laquelle il y a moins de vitrines à regarder. Celle de Be wash est rarement inspirante. A la pharmacie, tu tournes à gauche.
Ça va aller ?
Sinon, le plus simple c'est tout de même que j'aille t'attendre sur le quai.
mardi 27 avril 2010
Tuesday self portrait (une permanence)
lundi 26 avril 2010
Cristallisation secrète
Dehors c'était l'hiver et, en l'attendant, je réchauffais mes mains contre la tasse de yunnan.
A son arrivée, il a posé devant moi deux paquets épais, bien emballés. Et je me souviens de son sourire.
De même que certains donnent un nom d'auteur à un baiser, de même que d'autres désignent un voyage par le cépage du vin qu'ils ont bu sur la plage... on peut choisir une unité de temps pour mesurer une absence.
Ces pages, sur la table du café, fallait-il les convertir en minutes, en heures, en jours, pour deviner la date de son retour ?
Je l'ignorais encore, ce jour-là.
Je lis dans un mélange de crainte et de certitude, d'impatience et de flegme.
Si tout va bien, à la fin du roman de Yoko Ogawa, il sera à nouveau là.
A son arrivée, il a posé devant moi deux paquets épais, bien emballés. Et je me souviens de son sourire.
De même que certains donnent un nom d'auteur à un baiser, de même que d'autres désignent un voyage par le cépage du vin qu'ils ont bu sur la plage... on peut choisir une unité de temps pour mesurer une absence.
Ces pages, sur la table du café, fallait-il les convertir en minutes, en heures, en jours, pour deviner la date de son retour ?
Je l'ignorais encore, ce jour-là.
Je lis dans un mélange de crainte et de certitude, d'impatience et de flegme.
Si tout va bien, à la fin du roman de Yoko Ogawa, il sera à nouveau là.
"C'est à lui que j'ai offert en premier tous les romans que j'ai écrits jusqu'à présent.
Il incline pronfondément la tête et le recueille entre ses mains comme s'il s'agissait d'une offrande sacrée.
-Je suis reconnaissant. Vraiment reconnaissant.
Sa voix se charge progressivement de larmes au fur et à mesure qu'il répète ses remerciements, me plongeant dans l'embarras.
Mais il n'en a jamais lu une seule page.
Lorsque je lui demande ce qu'il en pense, il me répond :
-C'est absolument impossible. Si je le lis jusqu'au bout, il sera terminé, n'est-ce pas ? Je ne peux pas être l'artisan d'un tel gaspillage. Je veux le garder ainsi précieusement auprès de moi jusqu'au bout.
Et dans la cabine du capitaine, il joint ses mains ridées devant l'autel dédié aux divinités de la mer où il a déposé le livre."
Yoko Ogawa. Cristallisation secrète.
dimanche 25 avril 2010
La langue des autres
"Jeudi 9 février 78
Mon cher petit Chris,
tu avais l'air tellement triste mercredi après-midi, et comme je ne savais pas pourquoi ni comment te consoler, j'ai été triste moi-même toute la soirée ! J'espère que tu as repris tout ton courage et que tu es de nouveau en pleine forme.
Nous allons passer ce soir chez Hughy et Jacqueline dont l'avion avait... 15 heures de retard ! Ce n'est pas rien comme tu vois. Quand nous nous verrons, je te raconterai les dernières nouvelles. Mille kisses.
Nany.
Bon week end"
Le facteur ne passe pas le dimanche mais les poubelles des Marolles m'offrent le courrier qu'il ne m'aurait pas déplu de recevoir.
L'homme que je n'ai pas pu renseigner quand il m'a demandé la direction du centre de vie m'a expliqué qu'il venait de Hambourg et qu'il allait rester ici pendant trois ans, pour son travail.
Quelques heures après, j'ai réalisé qu'il avait sans doute dit centre ville.
Vous êtes triste ?
Sa question m'a étonnée et je la lui ai fait répéter.
Vous êtes touriste ?
Son métier avait été passionnant, lui avait fait croiser toutes sortes de gens très différents. Il a ajouté avec son accent italien élégant pour moi, rencontrer quelqu'un, c'est comme lire un roman.
Et, débarrassant galamment la tasse de café qu'il m'avait offerte merci pour la conversation. Ce matin, j'ai lu un petit livre.
Mon cher petit Chris,
tu avais l'air tellement triste mercredi après-midi, et comme je ne savais pas pourquoi ni comment te consoler, j'ai été triste moi-même toute la soirée ! J'espère que tu as repris tout ton courage et que tu es de nouveau en pleine forme.
Nous allons passer ce soir chez Hughy et Jacqueline dont l'avion avait... 15 heures de retard ! Ce n'est pas rien comme tu vois. Quand nous nous verrons, je te raconterai les dernières nouvelles. Mille kisses.
Nany.
Bon week end"
Le facteur ne passe pas le dimanche mais les poubelles des Marolles m'offrent le courrier qu'il ne m'aurait pas déplu de recevoir.
L'homme que je n'ai pas pu renseigner quand il m'a demandé la direction du centre de vie m'a expliqué qu'il venait de Hambourg et qu'il allait rester ici pendant trois ans, pour son travail.
Quelques heures après, j'ai réalisé qu'il avait sans doute dit centre ville.
Vous êtes triste ?
Sa question m'a étonnée et je la lui ai fait répéter.
Vous êtes touriste ?
Son métier avait été passionnant, lui avait fait croiser toutes sortes de gens très différents. Il a ajouté avec son accent italien élégant pour moi, rencontrer quelqu'un, c'est comme lire un roman.
Et, débarrassant galamment la tasse de café qu'il m'avait offerte merci pour la conversation. Ce matin, j'ai lu un petit livre.
samedi 24 avril 2010
D'autres larmes que les miennes
A la fin, il faut cesser de toujours tout relativiser. Car il y a toujours plus pauvre, plus triste, plus souffrant, plus inconsolable, plus handicapé voire plus mort que nous. Mais, malgré tout, nous avons bien droit aux larmes, quelles que soient nos peines.
Jamais je n'attends de la littérature qu'elle me divertisse. Pourtant, cette fois-là, j'ai lu tout le jour comme j'aurais pris un médicament.
Jamais je n'attends de la littérature qu'elle me divertisse. Pourtant, cette fois-là, j'ai lu tout le jour comme j'aurais pris un médicament.
vendredi 23 avril 2010
L'herbe
jeudi 22 avril 2010
C'est jeudi !
Tout a commencé à Tokyo où Madame Gâ et moi, nous nous sommes rencontrées.
Pendant deux ans, nous avons éparpillé nos rendez-vous dans la grande ville, nous avons bu des thés de toutes les couleurs, dévidé le passé et inventé l'avenir dans nos innombrables conversations.
Après son départ, pour surmonter l'absence et la distance, nous avons ouvert une boîte aux lettres commune où nous poursuivons nos discussions...
A présent, la distance est moins grande mais nous continuons à nous écrire.
C'est pourquoi, le jeudi, ce n'est pas rue Linière que j'écris mais dans la boîte aux lettres de nos jeudis.
N'hésitez pas à cliquer pour y lire notre correspondance (et c'est souvent l'occasion de voir les bouleversantes illustrations de Madame Gâ )...
mercredi 21 avril 2010
Précis de topographie 7
La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue.
La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.
rue Jourdan
rue Berckmans
rue de Livourne
rue de la bonté
rue de la concorde
rue du Prince Albert
rue de la paix
rue de Dublin
rue Caroly
rue de la science
rue de la loi
30 minutes
mardi 20 avril 2010
Tuesday self portrait (eyes wide shut)
"Je me suis demandé s'il existe ainsi une géographie de l'histoire personnelle qui attend de chaque individu qu'il la parcoure pour découvrir moins celui qu'il a été que qui il est sans le savoir."
Alain Fleischer. La hache et le violon.
Libellés :
Alain Fleischer,
Dans la rue,
Lecture,
Tuesday self portrait
lundi 19 avril 2010
Le (bon) usage du
Homonymes.
83.- Employez dans de petites phrases les homonymes suivants :
1. Saule, sol, sole. - 2. Lis, lisse, lice, Lys. - 3. Tain, teint (partic.), (le) teint, (je) teins, (je) tins, (il) tint, thym. - 4. Sel, scel, selle, celle, (je) cèle, (je) scelle. -5. Filtre, philtre. -6. Clore, chlore. -7. Brocard, brocart. -8. Maire, mer, mère. -9. Sain, saint, (je) ceins, (il) ceint, sein, seing, cinq. -10. Dessin, dessein. -11. Sensé, censé. -12. Echo, écot.
Maurice Grevisse. Exercices sur la grammaire française.
dimanche 18 avril 2010
"Le lien entre tous les Belges, c'est l'identité faible, c'est la dérision"*
J'ai toujours su que les mois belges de mon enfance, rythmés par les bouteilles de Cécémel à la récréation, le jingle de la RTBF au petit déjeuner, le bruit des tasses à café le samedi après-midi, le goût des cuberdons, des biscuits à la chicorée, des frites maison ou des gaufrettes Léo... ne faisaient pas de moi une native de cette petite terre mais m'inculquaient plutôt le dépaysement et une vision de la vie un peu décalée.
A l'heure des croissants à Passa porta, dans les rangs du public venu à la rencontre de Kristien Hemmerechts et de Jean-Luc Outers, je n'ai pas pu rire comme tous les autres aux implicites culturels, aux blagues nationales qui ne sont pas les miennes et j'ai ressenti cette impression qui m'est toujours aussi délicieuse : celle d'être étrangère.
Mais si, au prochain renouvellement de mes papiers, ma patrie d'origine me demande encore une fois de prouver ma nationalité, j'aimerais répondre que, ce que je préfère, finalement, c'est pouvoir me passer d'identité. Ou briguer celle de ce pays que ses propres habitants disent "en voie de disparition".
*Kristien Hemmerechts
A l'heure des croissants à Passa porta, dans les rangs du public venu à la rencontre de Kristien Hemmerechts et de Jean-Luc Outers, je n'ai pas pu rire comme tous les autres aux implicites culturels, aux blagues nationales qui ne sont pas les miennes et j'ai ressenti cette impression qui m'est toujours aussi délicieuse : celle d'être étrangère.
Mais si, au prochain renouvellement de mes papiers, ma patrie d'origine me demande encore une fois de prouver ma nationalité, j'aimerais répondre que, ce que je préfère, finalement, c'est pouvoir me passer d'identité. Ou briguer celle de ce pays que ses propres habitants disent "en voie de disparition".
*Kristien Hemmerechts
samedi 17 avril 2010
Midi au parc royal
vendredi 16 avril 2010
La tache
"3.4. Aire de foulée :
L'aire de foulée est revêtue d'un tapis plain de ton gris clair chiné, celui-ci est marqué sur la partie gauche par environ cinq traces de pieds de meuble de forme triangulaire. Sur le seuil d'entrée de baie vers la pièce arrière, deux traces grisâtres de 2 à 4 cm2 chacune. Au centre de la pièce, une empreinte digitale grisâtre et à droite du radiateur, une partie grisâtre sur 20 cm2. Au centre, sous le tapis plain, un léger enfoncement du plancher d'origine."
L'aire de foulée est revêtue d'un tapis plain de ton gris clair chiné, celui-ci est marqué sur la partie gauche par environ cinq traces de pieds de meuble de forme triangulaire. Sur le seuil d'entrée de baie vers la pièce arrière, deux traces grisâtres de 2 à 4 cm2 chacune. Au centre de la pièce, une empreinte digitale grisâtre et à droite du radiateur, une partie grisâtre sur 20 cm2. Au centre, sous le tapis plain, un léger enfoncement du plancher d'origine."
jeudi 15 avril 2010
C'est jeudi !
Tout a commencé à Tokyo où Madame Gâ et moi, nous nous sommes rencontrées.
Pendant deux ans, nous avons éparpillé nos rendez-vous dans la grande ville, nous avons bu des thés de toutes les couleurs, dévidé le passé et inventé l'avenir dans nos innombrables conversations.
Après son départ, pour surmonter l'absence et la distance, nous avons ouvert une boîte aux lettres commune où nous poursuivons nos discussions...
A présent, la distance est moins grande mais nous continuons à nous écrire.
C'est pourquoi, le jeudi, ce n'est pas rue Linière que j'écris mais dans la boîte aux lettres de nos jeudis.
N'hésitez pas à cliquer pour y lire notre correspondance (et c'est souvent l'occasion de voir les bouleversantes illustrations de Madame Gâ )...
Pendant deux ans, nous avons éparpillé nos rendez-vous dans la grande ville, nous avons bu des thés de toutes les couleurs, dévidé le passé et inventé l'avenir dans nos innombrables conversations.
Après son départ, pour surmonter l'absence et la distance, nous avons ouvert une boîte aux lettres commune où nous poursuivons nos discussions...
A présent, la distance est moins grande mais nous continuons à nous écrire.
C'est pourquoi, le jeudi, ce n'est pas rue Linière que j'écris mais dans la boîte aux lettres de nos jeudis.
N'hésitez pas à cliquer pour y lire notre correspondance (et c'est souvent l'occasion de voir les bouleversantes illustrations de Madame Gâ )...
mercredi 14 avril 2010
Précis de topographie 6 (Never run away from a kiss)
La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue.
La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.
Sur les pistes de Tintin, les chefs d'oeuvre de l'art déco, parcours BD, Bruxelles à vélo...
Il est pourtant un itinéraire que l'office du tourisme ne propose pas.
Un de ceux qui nous est propre mais plus secret, bien plus intime que celui qui relie l'appartement à la terrasse ensoleillée du matin, que celui qui conduit au sourire du boulanger.
Il est un itinéraire qui n'appartient qu'à nous et change un banal plan de la ville en véritable carte du tendre.
Les lieux de nos baisers dessinent dans les rues de beaux parcours.
Mais ceux où nous nous embrasserons en font de plus jolis encore.
Il est pourtant un itinéraire que l'office du tourisme ne propose pas.
Un de ceux qui nous est propre mais plus secret, bien plus intime que celui qui relie l'appartement à la terrasse ensoleillée du matin, que celui qui conduit au sourire du boulanger.
Il est un itinéraire qui n'appartient qu'à nous et change un banal plan de la ville en véritable carte du tendre.
Les lieux de nos baisers dessinent dans les rues de beaux parcours.
Mais ceux où nous nous embrasserons en font de plus jolis encore.
"Et j'étais là, l'espace d'un instant, dans la ville des villes, et j'ai fermé les yeux, car je recevais un baiser."
Stefan Hertmans. Entre villes.
Libellés :
Lecture,
Relevés topographiques,
Stefan Hertmans
mardi 13 avril 2010
Tuesday self portrait (une disparition)
"Dès que nous nous sentons chez nous dans une ville, celle-ci commence à travailler à sa disparition. Trois jours passent, et nous ne regardons plus défiler les noms des stations de métro ou de tram; dix jours et nous dévalons les rues principales les yeux fermés, oubliant le trajet et ne nous souciant plus que du but. Les rues ne produisent plus d'associations, elles ne sont plus qu'elles-mêmes, et cette banalité les fait disparaître de notre vue -mais pas pour autant de notre inconscient.
Cette qualité bizarre et discrète qu'ont les choses et les rues de disparaître de notre champ de vision conscient dès que nous les connaissons les réduit au simple statut de référence. Elles cessent de se faire belles pour notre regard, de se bichonner avec la luminosité du matin ou de se farder d'ombre, elles se retirent dans un pan de la mémoire; cédant la place, elles nous laissent continuer notre chemin, plus seuls que jamais. S'effaçant, elles s'inscrivent dans le système, où elles somnolent comme un octet, une bribe d'information."
Stefan Hertmans. Entre villes.
Libellés :
Dans la rue,
Lecture,
Stefan Hertmans,
Tuesday self portrait
lundi 12 avril 2010
Salir la ville est un délit
Sur la photographie noir & blanc de 6 sur 9 centimètres, elle se tient debout sur une dune. Derrière elle, la plage est vaste et déserte, la mer est basse.
Ses sandales à talons hauts s'enfoncent dans le sable, son short est de couleur sombre et son bustier blanc fait sa poitrine pointue, met en valeur ses épaules charnues.
Pour tout bijou, elle porte une montre, petite et ronde, au fin bracelet en cuir noir.
Ses cheveux sont longs et bouclés, couverts d'un foulard à pois dont le vent soulève la pointe.
Il fait chaud et la luminosité lui plisse le regard qu'elle a tourné vers la droite. Ainsi on ne voit, de son visage, que le profil.
Elle est jeune et, au dos de la photo, elle a écrit :
Ses sandales à talons hauts s'enfoncent dans le sable, son short est de couleur sombre et son bustier blanc fait sa poitrine pointue, met en valeur ses épaules charnues.
Pour tout bijou, elle porte une montre, petite et ronde, au fin bracelet en cuir noir.
Ses cheveux sont longs et bouclés, couverts d'un foulard à pois dont le vent soulève la pointe.
Il fait chaud et la luminosité lui plisse le regard qu'elle a tourné vers la droite. Ainsi on ne voit, de son visage, que le profil.
Elle est jeune et, au dos de la photo, elle a écrit :
dimanche 11 avril 2010
samedi 10 avril 2010
DEED I DO enregistré sur disques Philips par LITTLE MICKY
TARIF POSTAL EN BELGIQUE
Lettres ordinaires : 0,60 fr. par 50 grammes ou fraction de 50 grammes.
Cartes postales simples ou illustrées avec correspondance : 0,35 fr.Cartes illustrées, comme imprimés avec ou sans formule de politesse de cinq mots au maximum : 0,05 fr.
Cartes de visite avec ou sans correspondance : 0,25 fr.
Papiers d'affaires : 0,10 fr. par 50 grammes ou fraction de 50 grammes, avec minimum de 0,60 fr. par paquet.
Imprimés : 0,10 fr. par 50 grammes ou fraction de 50 grammes, sans minimum.
Echantillons de marchandises : 0,10 fr. par 50 grammes ou fraction de 50 grammes avec minimum de 0,35 fr. par envoi.
Droit de recommandation : 1,50 fr.
Télégrammes : jusque 10 mots 2,00 fr. minimum, plus 0,10 fr. par mot en plus.
Les choeurs chantent La La La La mais aussi Oh ! Oh ! Oh ! Oh ! et encore And kiss And love So what.
J'ai collé la partition sur l'enveloppe.
A la banque, j'ai retiré quelques billets.
"C'est pas grave ! Au contraire : ça fait une centaine de calories en moins !" a dit la dame essoufflée sur le trottoir en me tendant la carte que j'avais oubliée dans le distributeur.
J'ai pris la rue Berckmans. Malgré les horaires affichés en façade, le Malte est fermé en dehors des heures des repas. Avant, on pouvait y boire du thé tout l'après-midi.
J'ai tourné à gauche, dans la chaussée de Charleroi, dépassé le sushi lounge, poussé la porte du bureau qui me semble toujours n'être ouvert que pour moi.
Alors même que j'y suis toujours seule, on refuse de s'occuper de moi tant que je n'ai pas pris de ticket, à l'entrée.
L'employé m'a souhaité une bonne soirée en me rendant la monnaie.
J'ai collé le portrait du roi sur les notes de musique.
Lettre d'amour : 3 € avec ou sans fox-trot.
vendredi 9 avril 2010
Les choses
Les matins de soleil, immobile en terrasse, j'assiste au va et vient des fouineurs aux regards rivés sur les pavés du marché.
De temps en temps, ils tendent la main, saisissent un objet dont je me demande parfois quelle imagination a été capable de l'inventer, regardent le vendeur, d'un air interrogateur, hésitent, n'hésitent plus et repartent.
Je les observe, je ne les imite pas.
Les récents aller-retours dans l'escalier, les trois étages les bras chargés, les cartons vides empilés sur le trottoir... ont achevé de m'en convaincre : des choses, j'en ai déjà bien assez.
jeudi 8 avril 2010
C'est jeudi !
Tout a commencé à Tokyo où Madame Gâ et moi, nous nous sommes rencontrées.
Pendant deux ans, nous avons éparpillé nos rendez-vous dans la grande ville, nous avons bu des thés de toutes les couleurs, dévidé le passé et inventé l'avenir dans nos innombrables conversations.
Après son départ, pour surmonter l'absence et la distance, nous avons ouvert une boîte aux lettres commune où nous poursuivons nos discussions...
A présent, la distance est moins grande mais nous continuons à nous écrire.
C'est pourquoi, le jeudi, ce n'est pas rue Linière que j'écris mais dans la boîte aux lettres de nos jeudis.
N'hésitez pas à cliquer pour y lire notre correspondance (et c'est souvent l'occasion de voir les bouleversantes illustrations de Madame Gâ )...
Pendant deux ans, nous avons éparpillé nos rendez-vous dans la grande ville, nous avons bu des thés de toutes les couleurs, dévidé le passé et inventé l'avenir dans nos innombrables conversations.
Après son départ, pour surmonter l'absence et la distance, nous avons ouvert une boîte aux lettres commune où nous poursuivons nos discussions...
A présent, la distance est moins grande mais nous continuons à nous écrire.
C'est pourquoi, le jeudi, ce n'est pas rue Linière que j'écris mais dans la boîte aux lettres de nos jeudis.
N'hésitez pas à cliquer pour y lire notre correspondance (et c'est souvent l'occasion de voir les bouleversantes illustrations de Madame Gâ )...
mercredi 7 avril 2010
Précis de topographie 5
La topographie est l'art de la mesure puis de la représentation sur un plan ou une carte des formes et détails visibles sur le terrain, qu'ils soient naturels (notamment le relief) ou artificiels (comme les bâtiments, les routes, etc.). Son objectif est de déterminer la position et l'altitude de n'importe quel point situé dans une zone donnée, qu'elle soit de la taille d'un continent, d'un pays, d'un champ ou d'un corps de rue.
La topographie s'appuie sur la géodésie qui s'occupe de la détermination mathématique de la forme de la Terre (forme et dimensions de la Terre, coordonnées géographiques des points, altitudes, déviations de la verticale...). La topographie s'intéresse aux mêmes quantités, mais à une plus grande échelle, et elle rentre dans des détails de plus en plus fins pour établir des plans et cartes à différentes échelles.
La ville ne m'oppose aucune résistance, mienne du jour au lendemain, familière comme depuis toujours.
Adoptive.
Elle m'offre, par moment, l'impression de savoir enfin d'où je viens.
La ville ne m'oppose aucune résistance, mienne du jour au lendemain, familière comme depuis toujours.
Adoptive.
Elle m'offre, par moment, l'impression de savoir enfin d'où je viens.
Je me reconnais dans ses paradoxes.
Chic ou cheap, méditative ou hyperactive, banale ou hors du commun, modeste ou prétentieuse...
Et quand c'est la voix de Bashung qui lui dit "ma belle", qui lui dit "attends-moi j'arrive", je voudrais être elle.
Chic ou cheap, méditative ou hyperactive, banale ou hors du commun, modeste ou prétentieuse...
Et quand c'est la voix de Bashung qui lui dit "ma belle", qui lui dit "attends-moi j'arrive", je voudrais être elle.
mardi 6 avril 2010
lundi 5 avril 2010
"Le lavage de la vaisselle n'est besogne ennuyeuse que pour ceux qui travaillent sans réfléchir"
"1° Laver au fur et à mesure à l'eau courante, au moyen d'une brosse (nylon) ronde emmanchée, les objets salis au cours des préparations culinaires. Habituer les convives familiers à laisser des assiettes propres.
2° Faire chauffer à petit feu une grande quantité d'eau pendant le repas, à moins qu'on ait une distribution d'eau chaude sur l'évier.
3° après chaque service, débarrasser la vaisselle des déchets, la laver rapidement à l'eau courante avec la brosse à manche et la placer en bon ordre sur une tablette à gauche de l'évier : assiettes en piles, couverts et couteaux groupés par les manches.
4° après le repas, se préserver les mains avec des gants de caoutchouc talqués, réunir deux bassines d'eau très chaude, deux lavettes à manche, deux torchons secs et les produits de récurage : mousse métallique, poudre siliceuse, blanc d'Espagne. Mettre une poignée de cristaux ou une cuillerée de détergent synthétique dans la première bassine. Y laver la vaisselle en commençant par les objets les moins souillés : assiettes en piles, couverts et couteaux, groupés par 3 ou 4 et tenus par les manches. Rincer au fur et à mesure dans la deuxième bassine d'eau et poser sur l'égouttoir. Terminer par les plats et casseroles. Les récurer après le premier lavage et les rincer aussitôt. Essuyer quand la vaisselle est égouttée."
E. Compain. La science de la maison.
dimanche 4 avril 2010
Du fond de mon salon, je vois la flèche du clocher de St Gilles
"Seul le voyage sans billet de retour
peut nous sauver de la famille, du sang
et de l'esprit de clocher.
Ceux qui n'ont jamais quitté leur village
s'installent dans un temps immobile
qui peut se révéler, à la longue,
nocif pour le caractère."
Dany Laferrière. L'énigme du retour.
Et quand bien même, un jour, j'effectuerais la moitié d'un tour du monde pour me rendre dans ma ville natale, j'aurais du mal à dire que j'y retourne.
Retourne-t-on dans le seul lieu d'où on est venu sans jamais y être allé ?
"Je donnerais beaucoup pour un chemin conduisant d'un lieu d'où personne ne vient à un lieu où personne ne va."
Fernando Pessoa. Le livre de l'intranquillité.
peut nous sauver de la famille, du sang
et de l'esprit de clocher.
Ceux qui n'ont jamais quitté leur village
s'installent dans un temps immobile
qui peut se révéler, à la longue,
nocif pour le caractère."
Dany Laferrière. L'énigme du retour.
Et quand bien même, un jour, j'effectuerais la moitié d'un tour du monde pour me rendre dans ma ville natale, j'aurais du mal à dire que j'y retourne.
Retourne-t-on dans le seul lieu d'où on est venu sans jamais y être allé ?
"Je donnerais beaucoup pour un chemin conduisant d'un lieu d'où personne ne vient à un lieu où personne ne va."
Fernando Pessoa. Le livre de l'intranquillité.
samedi 3 avril 2010
La vierge à la soupe au lait
C'est la fenêtre qui m'a d'abord attirée, sur la reproduction.
Le paysage qu'on y voit : un arbre, un château, l'allée qui y conduit, l'herbe parfaitement rase, les silhouettes humaines figées, comme en plomb. Et une vache. Tout parait si parfait, un si joli jour d'été.
Ce n'est qu'ensuite que j'ai remarqué que ce n'est pas une fenêtre : c'est un tableau.
Est-ce un trait d'humour de Gérard David d'associer cette femme au visage imperturbable, cette incarnation de la tempérance... à une soupe au lait ?
A croiser des références au roman de Melville dans chacune de mes lectures, j'ai envie d'une soupe à la baleine.
Le paysage qu'on y voit : un arbre, un château, l'allée qui y conduit, l'herbe parfaitement rase, les silhouettes humaines figées, comme en plomb. Et une vache. Tout parait si parfait, un si joli jour d'été.
Ce n'est qu'ensuite que j'ai remarqué que ce n'est pas une fenêtre : c'est un tableau.
Est-ce un trait d'humour de Gérard David d'associer cette femme au visage imperturbable, cette incarnation de la tempérance... à une soupe au lait ?
A croiser des références au roman de Melville dans chacune de mes lectures, j'ai envie d'une soupe à la baleine.
"Il n'est pas moins ardu d'écrire des phrases dans un livre de recettes, que des phrases dans Moby Dick. Alors autant écrire Moby Dick.
Annie Dillard. En vivant en écrivant.
vendredi 2 avril 2010
La chambre claire
Ma table ronde fait face à la fenêtre.
L'homme a fait une halte sur le palier.
Il a nettoyé ses lunettes et tranquillement les a remises avant de me regarder.
L'écran, posé sur ma table ronde, est une autre sorte de fenêtre.
Et quand il est ouvert sur la Rue Linière, c'est comme si j'étais l'homme, dans la maison d'en face, comme si j'étais lui en même temps que moi.
La fin d'un thé, les miettes d'une baguette, des feuilles raturées, des carnets, des livres, de l'encre.
Ma table ronde est grande comme le monde.
Et quand j'y pose ma tête, que je ferme les yeux quelques instants, entre mes bras, je m'endors à ma table, je me repose du monde, dans la lumière.
L'homme a fait une halte sur le palier.
Il a nettoyé ses lunettes et tranquillement les a remises avant de me regarder.
Il m'a regardée le regarder.
L'écran, posé sur ma table ronde, est une autre sorte de fenêtre.
Et quand il est ouvert sur la Rue Linière, c'est comme si j'étais l'homme, dans la maison d'en face, comme si j'étais lui en même temps que moi.
Tout en y étant,
je vois,
comme si je n'y étais pas,
La fin d'un thé, les miettes d'une baguette, des feuilles raturées, des carnets, des livres, de l'encre.
Ma table ronde est grande comme le monde.
Et quand j'y pose ma tête, que je ferme les yeux quelques instants, entre mes bras, je m'endors à ma table, je me repose du monde, dans la lumière.
jeudi 1 avril 2010
C'est jeudi !
Tout a commencé à Tokyo où Madame Gâ et moi, nous nous sommes rencontrées.
Pendant deux ans, nous avons éparpillé nos rendez-vous dans la grande ville, nous avons bu des thés de toutes les couleurs, dévidé le passé et inventé l'avenir dans nos innombrables conversations.
Après son départ, pour surmonter l'absence et la distance, nous avons ouvert une boîte aux lettres commune où nous poursuivons nos discussions...
A présent, la distance est moins grande mais nous continuons à nous écrire.
C'est pourquoi, le jeudi, ce n'est pas rue Linière que j'écris mais dans la boîte aux lettres de nos jeudis.
N'hésitez pas à cliquer pour y lire notre correspondance (et c'est souvent l'occasion de voir les bouleversantes illustrations de Madame Gâ )...
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