dimanche 2 mai 2010

Un prélude

Familière du soleil à la linière, j'avais oublié le bruit de la pluie qui, ce matin, s'est faufilé dans mon sommeil.
Plus tard, il y eut le sourire du serveur, la baguette aux céréales du marché, d'anciennes émissions pour comprendre le bonheur, quelques enveloppes libellées.
Puis, dans le soleil chaud de l'après-midi, une compote de rhubarbe et la fin du recueil de lettres que j'avais commencé de lire. A l'aube.

"Il me semble que, si tu t'efforçais toi-même de faire tomber un voile de rêverie un peu paresseuse qui te recouvre et quelquefois te cache, si tu étais un peu plus difficile sur l'emploi de ton temps, si tu te convainquais que tu ne dois te consacrer à rien qu'à ce qui élève l'esprit et l'âme (je veux dire un peu plus de lectures choisies, de visites attentives de musées, un peu moins de cinéma et de déambulation au hasard), tu t'apercevrais très vite que tu es beaucoup plus riche de moyens que tu ne te connais et tu serais aussi beaucoup plus heureuse. C'est seulement ainsi, crois-moi, que tu parviendras à te connaître, que tu découvriras peu à peu ce qu'il y a d'unique en toi et quelle est la voie qui vaut la peine que tu t'y engages, l'ayant un beau jour reconnue pour la tienne entre toutes les autres."
André Breton. Lettres à Aube.

2 commentaires:

Agnès a dit…

C'est magnifique. Merci Gwen!

elsia a dit…

Comme un programme, un projet...
Mais combien difficile de renoncer aux errances de hasard, et combien étrange de ne pas y voir aussi un moyen de s'élever, de se trouver un jour -sans hasard- au détour d'une rue, précisément sur cette voie qui était là pour soi, en face d'un arbre comme d'un ami retrouvé, d'un heurtoir ouvragé comme d'une rencontre à déclencher.
Sacré André !