dimanche 13 juin 2010

"Je n'attends vraiment rien, je viens pour y lire des bouquins"

Nous aurions préféré payer une amende plutôt qu'en être dispensées sous le prétexte de notre criant provincialisme qui nous avait fait monter par erreur en 1ère classe.
Mais, quelques heures plus tard, découvrant l'addition de mon lait fraise et de son café, nous nous étions, au contraire, réjouies de la mansuétude du contrôleur de la RATP.
Elle avec l'espoir d'y croiser le chanteur à la mode, moi avec la curiosité des années existentialistes, nous nous étions installées dans ce décor dont la banalité nous avait légèrement déçues, ce que, pour rien au monde, nous n'aurions avoué.
Nos 17 ans nous contraignaient autant que des vêtements trop étroits et nous mimions l'assurance qui, en réalité, nous faisait tant défaut.
Nous aurions été bien en peine d'esquisser ne serait-ce que les contours flous du futur que nous attendions avec impatience et, pourtant, lorsque le serveur déposa devant l'homme, à la table voisine de la nôtre, un café et des croissants sans qu'il ait eu besoin de les commander et lui demanda de ses nouvelles, je sus au moins cela de ma vie à venir : moi aussi, un jour et quelque part, je ferai partie des habitués.
Vous allez bien madame ?
Le patron dépose un café noir à côté de mon livre à l'heure du petit déjeuner.
Sur la place du marché, je fais partie des invariables du décor et je savoure ma galette de semoule autant que le fait d'être adulte.

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