lundi 28 février 2011

Physiologie du mariage

Je suis entrée dans ce café où la patronne a renoncé à être mal-aimable et m'accueille désormais avec un sourire qui, s'il me semble légitime et conquis de haute lutte, me surprend toujours autant.
Il s'était remis à pleuvoir, les lumières étaient douillettes, la musique classique et c'est là que j'ai attendu que la nuit tombe.
Il y avait, en face de la mienne, un homme et une femme à une table. Avant de prendre ma commande, la serveuse leur a apporté deux planches de tartines -fromage blanc/radis et cottage cheese/noix/fines herbes/salade- qu'ils ont entamées dans le même ordre, avec un appétit vorace et symétrique.
Ils ne se sont pas arrêté de manger une seule fois et ont fini à peu près en même temps, dans cette sorte de silence qui n'existe qu'entre les personnes très intimes : celles qui partagent des repas mais aussi un lit.
A les voir manger de si grand appétit à cette heure un peu décalée de la journée sans noter en eux le moindre indice touristique, j'ai pensé qu'il ne s'agissait pas d'un couple marié.
Et peu après, l'homme l'a confirmé en disant mon fils.
Puis la femme a mordu dans la bouchée de gâteau servie avec son café et elle a tendu le reste vers l'homme qui lui a souri en ouvrant la bouche et en s'emparant de sa main qu'il n'a plus lâchée.
Bien plus que ceux aux baisers ostentatoires, ce couple-là m'a donné envie d'un rendez-vous amoureux à l'Eau chaude
Une illustration de Madame Gâ 

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