dimanche 18 juillet 2010

Tous les jours l'été

C'est un jour de l'été 78.
Ses pieds sont nus, partiellement enfoncés dans le sable mais elle a déposé sur ses épaules, sans en enfiler les manches, son gilet en point mousse. Il est usé, lâche, informe. Elle devrait s'en séparer mais elle trouve ça pratique, de toujours le garder dans la voiture, de l'avoir à portée de la main pour des soirs comme celui-là, où ils décident de faire un détour par la mer, juste pour voir le soleil se coucher, juste pour ne pas encore penser au lundi matin ni à la fin de l'été. 
La laine est encore imprégnée de l'odeur du bois qu'ils avaient fait brûler, au tout début de la saison, alors que la nuit était tombée et qu'ils s'étaient mis en tête de griller le poisson acheté en route. 
D'ailleurs, c'est la même jupe qu'elle porte, la petite jupe à volants qu'il lui a offerte un jour de marché. De toute façon, c'est bien simple, c'est le vêtement qu'elle aura le plus mis durant l'été. Elle lui va tellement bien, lui dit-il toujours. C'est tellement joli, quand elle marche, le mouvement des volants. 
Décidément, le vent est frais et, quand il s'engouffre sous le tissu, elle frissonne. 
C'est au moment où, de ses deux mains, elle agrippe le bas de sa jupe pour en couvrir ses jambes dénudées qu'il a pris la photo. 

Ce cliché aux couleurs délavées et aux accents Hamiltonnien, je l'ai trouvé dans la rue et je l'aimais bien. Je le glissais dans mes livres, en guise de marque-page mais hier, à la faveur d'un courant d'air, il s'est envolé, loin de moi.
(Quelqu'un le trouvera et inventera une autre histoire.) 

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