lundi 26 juillet 2010

Une vie un livre

J'en connais qui, entrant dans une bibliothèque, déplorent leur condition humaine.
Tant d'écrits et une seule toute petite vie...
Avoir dans les mains les Cent mille milliards de poèmes de Raymond Queneau, ce livre auquel une vie ne suffit mathématiquement pas, procure un concentré de cette impression-là.

"En comptant 45s pour lire un sonnet et 15s pour changer les volets, à 8h par jour, 200 jours par an, on a pour plus d'un million de siècles de lecture, et en lisant toute la journée 365 jours par an, pour 190 258 751 années plus quelques plombes et broquilles (sans tenir compte des années bissextiles et autres détails).
Comme l'a bien dit Lautréamont, la poésie doit être faite par tous, non par un."


Le vieux marin breton de tabac prit sa prise
pour consommer un thé puis des petits gâteaux
le cornédbif en boîte empeste la remise
on espère toujours être de vrais normaux

Je me souviens encor de cette heure exeuquise
que n'a pas dévoré la horde des mulots ?
nous regrettions un peu ce tas de marchandise
lorsqu'on voyait au loin flamber les arbrisseaux

Devant la boue urbaine on retrousse sa cotte
on sale le requin on fume à l'échalotte
lorsqu'on boit du maté l'on devient argentin

On a bu du pinard à toutes les époques
on s'excuse s'il n'y a ni baleines ni phoques
le mammifère est roi nous sommes son cousin

Raymond Queneau. Cent mille milliards de poèmes


1 commentaire:

madame gâ a dit…

et ainsi, il est le seul livre a pouvoir pretendre ne jamais etre entierement lu ? bravo Raymond!